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L'intervention qui se prépare à la centrale nucléaire du Tricastin est-elle risquée ?

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Sauf incident, des équipes doivent intervenir ce week-end sur le réacteur 2 de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) pour décrocher l'assemblage de combustible resté coincé le 3 février dernier. Opération maîtrisée dit EDF. Pas sans risque pour la CRIIRAD.

Centrale nucléaire du Tricastin (Drôme)
Centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) © Radio France - Guillaume Horcajuelo

C'est une opération peu fréquente qui doit se dérouler à la centrale nucléaire du Tricastin. Probablement durant le week-end. Il faut intervenir sur le réacteur numéro 2. Le 3 février, des techniciens ont commencé à décharger le combustible usagé de la cuve, mais un des assemblages d'uranium est resté accroché au "chapeau" (le terme technique : "éléments internes supérieurs") qui maintient ces éléments au fond. L'assemblage est encore dans la piscine, sous l'eau, confiné, pas d'alerte sur la radioactivité, mais il va maintenant falloir le décrocher. 

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Des équipes entraînées sur une maquette

Des agents d'EDF et de Framatome s'entraînent sur une maquette, à taille réelle, à Chalon-sur-Saône depuis plusieurs jours. Ils s'exercent à manier les deux outils spécifiques créés pour décrocher l'assemblage d'uranium sans qu'il chute. 

Que des équipes s'entraînent ne doit pas alarmer, c'est courant explique André Abad, directeur technique à Tricastin : "on entraîne nos robinetiers avant d'intervenir sur des opérations normales de maintenance. Les équipes de quart s'entraînent sur le simulateur lors d'un arrêt de tranche parce qu'on ne fait pas ces interventions tous les jours. Cela peut surprendre, mais effectivement on a une pratique d'entraînements avant de faire les gestes sur l'installation proprement dite".

"On est sur le traitement d'un événement technique relativement rare mais qu'on maîtrise" - André Abad, directeur technique à la centrale du Tricastin

Tricastin a déjà réalisé cette opération de décrochage de combustible en 2008 et 2009 ajoute André Abad : "l'expérience montre qu'il n'y a eu aucune incidence sur la radioactivité. Les outillages et la maîtrise de l'intervention sont faits pour garantir la sûreté et la sécurité, et pour les travailleurs et pour la population extérieure. On est sur le traitement d'un événement technique relativement rare mais qu'on connaît, qu'on maîtrise."

La CRIIRAD moins sereine

La Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité explique de son côté que l'événement pose beaucoup de questions. Qu'un assemblage combustible reste ainsi accroché est un incident plutôt rare en effet. Comment se fait-il alors qu'il soit arrivé 3 fois au Tricastin, sur le même réacteur, le numéro 2 ? Un seul autre incident a été répertorié en France ces 10 dernières années : en 2009, à Gravelines.

Bruno Chareyron, le directeur du laboratoire de la CRIIRAD, estime également que l'intervention de décrochage n'est pas anodine : "des travailleurs avec qui on a pu discuter, qui sont intervenus ou ont eu des informations sur les opérations de 2008 et 2009, nous ont dit que c'est quelque chose qui présentait vraiment des risques importants, en particulier pour eux. Si il y a chute de l'assemblage combustible et rupture des gaines des crayons qui contiennent l'uranium, il peut y avoir vraiment une augmentation brutale de la radioactivité à l'intérieur du bâtiment réacteur."

L'Autorité de Sûreté Nucléaire doit analyser les éléments techniques avant de donner son accord pour l'opération de décrochage.

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