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Sud-Ouest : pourquoi les agriculteurs manifestent-ils leur colère à Toulouse et alentours ?

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Des centaines d'agriculteurs protestent à nouveau ce mercredi contre le projet européen de révision de la carte des "zones défavorisées". Charles Tapie, le président de la Chambre d'agriculture de Haute-Garonne, explique les causes de ce mouvement.

Manifestation des agriculteurs à Agen ce mercredi (illustration)
Manifestation des agriculteurs à Agen ce mercredi (illustration) © Maxppp -

Journée noire sur les routes à Toulouse et alentours : les agriculteurs, qui protestent contre une réforme européenne des zones défavorisées, bloquent ce mercredi avec leurs tracteurs les principaux axes d'accès à la capitale de l'Occitanie. Ils veulent maintenir la pression, alors qu'une réunion de négociation se tient dans l'après-midi au ministère de l'Agriculture à Paris.

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Pourquoi cette colère, qui dure depuis déjà deux semaines ? Qu'est-ce que la carte des "zones défavorisées" dont le redécoupage inquiète les agriculteurs ? Eléments de réponse avec Charles Tapie, le président de la Chambre d'agriculture de Haute-Garonne, invité de France Bleu Occitanie ce mercredi matin.

France Bleu Occitanie :  Que sont ces "zones défavorisées" ? 

Charles Tapie : Ce sont des territoires ou des communes sur lesquelles l'agriculture est plus délicate. C'est lié surtout au climat et au relief, et à la productivité de la terre. Ce sont par exemple des terrains en pente avec une texture du sol qui ne permet pas de faire des rendements importants, qui sont caillouteux, avec des reliefs difficiles, ou des terrains où les questions de sécheresse ou de froid sont importantes. Il y a deux grands types de zones défavorisées : les zones de montagne (pas concernées par la révision actuelle) et ce qu'on appelle les zones défavorisées simples.  

Cette carte est très importante pour les agriculteurs. Elle détermine les aides européennes qu'ils vont percevoir ? 

Exactement. Lorsque vous êtes dans ce zonage, vous percevez des aides, notamment l'ICHN - indemnité compensatoire de handicap naturel - qui permet de compenser le déficit de revenu qu'il y a entre ces territoires et les territoires "normaux, de plaine", en étant caricatural.  Par exploitation c'est quand même assez significatif. L'aide est fonction de la surface et du nombre d'animaux. En moyenne, une exploitation peut toucher entre 3000 et 10000 euros par an. Et sur ces territoires difficiles, ça peut correspondre à 30% voire 50% voire la totalité des revenus des agriculteurs. 

Pourquoi l'Europe a-t-elle décidé de refaire les cartes ?

Les cartes ICHN datent de 1976, les aides sont attribuées sur la base de cartes relativement anciennes. C'est la Cour des comptes européenne qui a remis en cause ces cartes en partant du principe qu'elles étaient hétérogènes et non cohérentes entre tous les Etats membres. Donc il y a une révision qui a été enclenchée à partir de 2013 et qui doit être mise en application à partir du 1er janvier 2019 (...). Des critères, qu'ils appellent "biophysiques", ont été définis, et tous les Etats membres refont la cartographie à partir de ces huit critères, et définissent une 1re carte, qui peut être complétée au niveau de chaque pays (...).

Aujourd'hui l'ICHN est le 2e pilier de la PAC (Politique agricole commune). En France, elle est donnée aux agriculteurs tous les ans environ 9 milliards d'euros, et l'ICHN représente 1 milliard. Un agriculteur sur cinq ou six touche l'ICHN, donc c'est non négligeable.

Le ministre de l'Agriculture doit rendre sa copie mi-février. Quelle est sa marge de manoeuvre ?

Il y a des communes qui ont été exclues par rapport au 1er zonage. Il va devoir revoir un certain nombre de critères. Par exemple si on prend le critère des haies et des petites parcelles, on arrive à ré-intégrer la plupart des communes qui ont été exclues dans le 1er zonage.

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Près de 100.000 agriculteurs concernés par l'ICHN en France

Aujourd'hui, près de 100.000 agriculteurs bénéficient de cette indemnité compensatoire, d'après le ministère de l'Agriculture. En Occitanie, 1058 communes pourraient être exclues de ces zones de contraintes naturelles. Dans le Tarn-et-Garonne, 181 communes sur 195 sont concernées, 200 communes soit 40% du total des communes classées du département en Haute-Garonne.

La carte des "zones défavorisées" dont le redécoupage inquiète les agriculteurs
La carte des "zones défavorisées" dont le redécoupage inquiète les agriculteurs - ministère de l'Agriculture

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