Les voisins ne veulent pas du projet de méthaniseur chez des agriculteurs d'Héric

La méthanisation est une nouvelle fois au cœur de crispations en Loire-Atlantique. Après l'abandon en novembre 2023 du projet de méthaniseur industriel de Corcoué-sur-Logne, cette fois, c'est un projet sur une ferme d'Héric, à une vingtaine de kilomètres au nord de Nantes, qui fait polémique.

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Deux éleveurs, des associés installés sur la commune, veulent construire sur leur exploitation un méthaniseur, qui transforme les matières agricoles organiques en biogaz. Ils espèrent sa mise en route en septembre 2025. Mais les habitants voisins de la future installation de 11 mètres de haut sont très inquiets de la voir pousser près de chez eux. Ils ont formé un collectif d'opposants.

"Vu que c'était une unité à la ferme, liée à une activité agricole, on ne s'attendait pas à ce qu'il y ait une mobilisation des gens aussi virulente", souffle Thibaut Leroux, éleveur associé sur le GAEC du Soleil Levant à Héric. Grâce à la cinquantaine de tonnes de digestat produit chaque jour par leur méthaniseur, épandu ensuite dans leurs champs de céréales, les deux agriculteurs de l'exploitation vont diminuer considérablement l'utilisation d'engrais et de pesticides. Une économie estimée à 100.000 euros environ, sans compter la revente du biogaz. "On n'est pas inquiet de notre projet parce qu'on y croit. On est sûr qu'il va aboutir, poursuit Thibaut Leroux. Ils [les voisins opposés au projet] vont comprendre les choses et au final, ils vont les accepter parce qu'ils vont se rendre compte par eux-mêmes qu'aucune nuisance ne les impacte."

Des maisons à environ 200 mètres

Les maisons les plus proches de la future installation se situent à environ 200 mètres, au lieu-dit La Bouchonnerie. "Mes voisins et moi, on va subir les conséquences directes de ce projet 24h/24. Du bruit. Ce trafic doublé, voire triplé, des camions et tracteurs, une activité permanente sur le site. On aura sûrement des odeurs qui se dégagent de tout ça, des impacts sur les routes. Je ne veux pas être à 150 mètres d'un truc où il y a des risques d'explosion, de pollution des sols, de l'eau", détaille l'un des riverains opposés au projet, Dimitri Vanetsian, qui ajoute : "On va lancer tous les recours possibles, on ira jusqu'au bout."

Faux, répondent les agriculteurs. Eux l'affirment, leur projet est écologique et n'engendrera pas plus de bruit, ni d'odeur. Quant au trafic routier, ces derniers tablent sur 1,5 tracteur supplémentaire par jour. "Que répondre à ça ? Il faut attendre la construction pour voir si c'est vrai. Donc est-ce que je dois accepter ça ? Et une fois que le méthaniseur sera là, vers qui je me tourne en cas de problème ? Je ne peux pas accepter décemment que mes enfants jouent dans une zone à risque, ce n'est pas viable", lance un deuxième riverain mécontent du projet, Samuel Collet. Le père de famille en appelle au maire de la commune pour aider à mettre en place "une voix de dialogue" et éviter une confrontation où "tout le monde laisserait des plumes".

Il faut "plus de concertation" pour le maire d'Héric

Ces inquiétudes, le maire d'Héric, dit les comprendre. "Il faut effectivement qu'il y ait plus de concertation, regrette Jean-Pierre Joutard. Ce qui a été organisé jusqu'à présent, c'est une consultation des gens, mais sans qu'il y ait de commissaire-enquêteur, quelqu'un qui aurait un regard neutre sur le sujet, et qui permettrait déjà d'apporter un premier niveau de réponse aux riverains." Le maire d'Héric s'est rapproché des services de l'État pour organiser une réunion rassemblant tous les acteurs concernés. Le conseil municipal donnera également un avis consultatif sur ce projet. La décision finale d'autoriser ou non la mise en place de ce méthaniseur sera dans les mains du préfet.