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Pisciculture en Brenne : cormorans, chaleurs et pluies réduisent les marges de manœuvres des pisciculteurs

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Alors que le "réempoissonnement" s'achève dans les étangs de la Brenne, les épisodes de pluies et de chaleurs compliquent le travail des pisciculteurs, confrontés aux prédations des cormorans, qui a définitivement pris ses quartiers dans la zone.

Observatoire de l'étang Purais Observatoire de l'étang Purais
Observatoire de l'étang Purais © Radio France - Alexandre Mottot

Le réempoissonement des étangs vient de s'achever. Cette période particulière représente une phase délicate et primordiale, au cours de laquelle les poissons géniteurs, les nourrains (carpe de deux ans) ou les alevins de brochets ont été déversés dans des bassins ou les étangs, en attendant les tanches, les gardons ou les sandres. Mais les conséquences du réchauffement se font sentir jusqu'en pays brennou. Aux fortes pluies succèdent de fortes chaleurs, et réciproquement. Les pisciculteurs ont donc du aller vite et faire des choix drastiques, d'un côté pour ne pas laisser les poissons trop longtemps en bassin, car les températures qui grimpent favorisent aussi les maladies, facilitée par la densité de poissons au mètre cube. De l'autre côté un autre danger guette les jeunes poissons déversés dans les étangs : les cormorans.

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Anticiper "les yoyos météo"

Louis Retaud est pisciculteur dans l'étang de la Gabrière, et il produit 150 tonnes de poissons par an. Selon lui les pisciculteurs se voient contraints d'adopter "une nouvelle façon de travailler* due aux conditions climatiques et sauvages de la Brenne*" qui se modifient, "c'est à dire des températures beaucoup plus élevées l'hiver".

Exemple :  après avoir déversés des alevins de Brochets récemment, "on a eu un coup de pluie assez intense, donc les étangs ont débordé de tout ce qui était alevins de brochets". Le brochet est le poisson qui pond en premier. Résultat , "Les larves sont partis dans les fossés, on ne peut pas les récupérer. Et le problème maintenant ce sont les maladies liée aux "yoyos" de température. Là y a pas grand chose à faire." Les pisciculteurs savent anticiper et s'adapter aux caprices du temps. Entre des larves impossibles à garder trop longtemps en bassin, du fait des températures et les débordements de la fin mars, la marge est en effet étroite. "On travaille avec le climat" rappelle le jeune pisciculteur. Mais une autre conséquence du climat c'est que les pisciculteurs ont aussi des mauvaises surprises. "J'ai déjà vu des carpes frayer il y a un mois alors que normalement c'est au mois de mai, donc on fait en fonction, on est obligé de s'avancer dans nos périodes".

Les cormorans, prédateurs piscivores

900 tonnes de poissons sont produits dans la Brenne chaque année, mais ces chiffres sont menacés par la boulimie incessante du prédateur numéro un pour la profession, le cormoran. Même s'il est beaucoup plus actif à la fin de l'été et en automne, quand les poissons sont justement plus volumineux, ce prédateur piscivore a élu domicile dans la Brenne. En une dizaine d'années sa population a été multipliées par quinze, laissant les pisciculteurs le spectacle de chasse collective opérées par ces oiseaux qui opèrent en "nassant" les poissons. Une stratégie d'une grande intelligence animale, mais dont l'impact sur la pisciculture devient critique.

Louis Rotaud le constate "c'est la première année où j'ai vu autant de cormorans qui pêchent en groupe très très bien organisés. C'est un oiseau très intelligent, très farouche aussi, qui est difficile à approcher". Mais pour déloger les cormoran il ne suffit plus de les effaroucher, car la présence humaine leur devient habituelle. "Avant, on laissait une voiture sur, par exemple sur un étang pendant deux jours, ça les embêter. Plus maintenant." Pour autant impossible de tirer les cormorans à même la rivière, c'est interdit. "Nous, on a des autorisations de tirs de régulation, mais c'est très compliqué à surveiller qui sont là l'hiver, comme c'est un oiseau migrateur. Le problème, c'est que l'hiver, nous, on pêche six étangs par jour, donc on ne peut pas être en même temps à tirer". Conséquence il y a de plus en plus de cormorans qui nichent ici. Ils font des petits ici toute l'année..

Le pisciculteur Louis Rotaud explique que dans les pays nordiques, en Hollande ou en Allemagne, des prélèvement sont faits directement dans les nids pour réguler la population de ces oiseaux, Il préconise également des battues administratives contre les cormorans, un peu sur le  modèle de ce qui se fait contre les sangliers, poursuivi à travers des terrains privés. La préfecture de l'Indre envisage de demander des dérogations pour éliminer des cormorans concentrés sur des dortoirs eaux vives.

Avec d'autres pisciculteur, Louis Retaud organise la fête de la carpe le 16 juin à l'étang de la Gabrière à Lingé.

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