Monoprix ne vend plus d'œufs de poules élevées en cage : incompréhensible pour les éleveurs Drômois

Si vous cherchez des œufs de poules de catégorie 3, c'est-à-dire élevées en cage, vous n'en trouverez pas chez Monoprix. L'enseigne de grande distribution a décidé de retirer de ses rayons ces œufs, toutes marques confondues. C'est la première à prendre ce type d'initiative, pour "sensibiliser les consommateurs" explique t-elle dans un communiqué.

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"Les poules ne sont pas serrées comme des sardines dans une boîte", (Philippe Juven).

Une décision qui scandalise les éleveurs de la Drôme. Car en 2012, les règles européennes ont changé. Les producteurs ont donc investi des millions d'euros sur leurs exploitations pour se mettre aux normes, avec des cages plus grandes. Les poules ne sortent jamais de ces cages, ne voient jamais la lumière du jour, mais ce modèle d'élevage est tout à fait légal.

"Les poules ne sont pas les unes sur les autres, elles ne sont pas serrées comme des sardines dans une boîte. Les modes d'élevage d'aujourd'hui sont complètement différents de l'image qu'on a pu s'en faire à une certaine époque", assure Philippe Juven, le président de l'association des producteurs d’œufs du Sud-Est. "Ce sont des espaces de quatre ou cinq mètres carrés pour 60 à 72 poules, avec des perchoirs pour qu'elles puissent se reposer, un nid pour pondre. On est sur un modèle d'élevage qui est beaucoup plus respectueux du bien être animal, et où les poules peuvent circuler et évoluer librement", poursuit-il. "Quand on investit dans un bâtiment. On est sur des investissements qui sont très lourds, et qui ont une durée d'amortissement d'une quinzaine d'années. Quand on décide de dire, on ne veut plus de ce produit, ça peut avoir des conséquences économiques très importantes".

De lourds investissements réalisés il y a quatre ans

Ce qui agace Yvan Moréon, éleveur à Hostun depuis une vingtaine d'années, c'est que l'Union Européenne a imposé aux éleveurs de réaliser des investissements importants au nom du bien-être animal en 2012, et aujourd'hui, cela ne semble plus suffisant pour l'enseigne Monoprix. Il possède 80 000 poules, réparties dans des cages dans deux bâtiments de 1200 m² chacun. Il y a quatre ans, il a dépensé deux millions d'euros pour changer ses cages. "Les poules ne quittent pas les bâtiments, mais elles peuvent se balader d'un côté à l'autre de la cage. Si on maltraitait, on n'aurait pas un seul œuf par jour. Cela convient à la poule. Une poule n'a pas besoin de télévision non plus".

Pour Yvan Moréon, il s'agit simplement d'une opération de communication, Monoprix veut s'acheter une image. Comme l'enseigne est la seule à avoir pris cette décision, les conséquences ne sont pour l'instant pas très importantes pour les éleveurs. Selon l'association des producteurs d’œufs du Sud-Est, 60% des œufs vendus en France sont issus de poules élevées en cage. 40% sont élevées en plein air, en production bio ou au sol dans des bâtiments (catégories 0, 1 et 2).

La Drôme est le quatrième département producteur d’œufs de France, et la Drôme représente la moitié de la production de Rhône-Alpes.

POUR RAPPEL : 
► Catégorie 0 = œufs de poules élevées en plein air et bio. 
► Catégorie 1 = œufs de poules élevées en plein air. 
► Catégorie 2 = œufs de poules élevées dans des bâtiments, mais au sol. 
► Catégorie 3 = œufs de poules élevées en cage.