Mobilisation à Saint-Malo contre le plus grand chalutier du monde

Ils se sont réunis aux pieds du vieux "Joseph Roty II", l'ancien chalutier qui est aujourd'hui remplacé par le plus grand chalutier du monde. 160 personnes ont manifesté jeudi 15 février dans le port de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) contre "l'Annelies Iléna". Ce chalutier de 145 mètres de long est destiné à fabriquer du surimi industriel, bateau dans lequel la compagnie des pêches de Saint-Malo a investi 15 millions d'euros. Sur les quais, les manifestants, mais aussi élus et membres d'associations environnementales ont formé une chaîne humaine pour dénoncer "un bulldozer des mers".

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Devant des dizaines de personnes réunies sur les quais, Charles Braine prend la parole dans un mégaphone. Ancien pêcheur, il est aujourd'hui président de l'association "Pleine mer" : "Le bateau dont on parle aujourd'hui est capable de pêcher 400 tonnes par jours, un artisan pêche entre 10 et 20 tonnes par an. On voit bien quel camp ils ont choisi". Devant un public acquis à sa cause, il décrit le chalutier-usine comme "une aberration", un terme repris par Gwen Pennarun, le président de l'association des ligneurs de la pointe de Bretagne : "Par rapport à des petits pêcheurs comme nous qui essayons de préserver la ressource, quand on voit des bateaux comme ça et qu'on les retrouve en Manche, sur des fonds très faibles, il y a de quoi avoir très peur."

Aux côtés des pêcheurs, sur les photos des journalistes, on retrouve des élus écologistes à la région Bretagne. Ils le disent eux-mêmes, c’est assez rare. Ce bateau représente une menace pour la biodiversité, **ils l’ont même surnommé "le navire de l’enfer". Ces élus lancent un appel au président de la Région, Loïg Chesnais-Girard, car la feuille de route sur la politique de la pêche dans la région doit être approuvée vendredi 16 février au Conseil régional de Bretagne. Claire Desmares est la présidente du groupe écologiste à la Région, elle dénonce une politique opaque et en faveur des gros industriels de la pêche : "Dans 112 pages de feuille de route, il n'y a rien sur la pêche artisanale. Quand on pose la question à Daniel Cueff, le vice-président à la Mer, il dit que c'est un oubli, que cela sera corrigé à l'oral. On trouve que c'est très léger."

Ces élus rappellent que la Bretagne est la première région de pêche en France et que sa politique de pêche industrielle sera la position de la France à l’échelle européenne. Ils ont lancé un appel au président de Région et au ministre de la Transition écologique. Dans un communiqué, Loïg Chesnais-Girard soutient que ce projet de chalutier-usine n’a rien à voir avec la région Bretagne, "ni avec la pêche que je défends", assure le président, rappelant que ce bateau est un projet privé dans lequel la Compagnie des pêches de Saint-Malo a pris des parts.