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Les "prairies sensibles" au coeur de la colère des agriculteurs basques

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Dans les hauteurs du Pays basque, certaines parcelles de terres sont classées Natura 2000. Depuis 2023, ces "prairies sensibles" ne peuvent plus être désherbées chimiquement. Les agriculteurs qui les exploitent demandent à l'État le déclassement de ces zones protégées pour travailler comme avant.

Christian Bidegaray, éleveur à Bidarray, pointe du doigt les nombreuses mauvaises herbes (les fleurs blanches) que ses brebis ne mangent pas et qu'il ne peut ni désherber, ni labourer. Christian Bidegaray, éleveur à Bidarray, pointe du doigt les nombreuses mauvaises herbes (les fleurs blanches) que ses brebis ne mangent pas et qu'il ne peut ni désherber, ni labourer.
Christian Bidegaray, éleveur à Bidarray, pointe du doigt les nombreuses mauvaises herbes (les fleurs blanches) que ses brebis ne mangent pas et qu'il ne peut ni désherber, ni labourer. © Radio France - Simon Cardona

Depuis janvier dernier, les agriculteurs montent au front pour demander au gouvernement plusieurs mesures pour leur permettre de mieux gagner leur vie et mieux vivre leur travail éprouvant. Au Pays basque, lors de la dernière assemblée générale de la FDSEA 64 (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles), des agriculteurs ont interpellé le préfet des Pyrénées-Atlantiques sur la problématique des "prairies sensibles", des zones Natura 2000 protégées pour préserver la faune et la flore, mais que les agriculteurs veulent exploiter.

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Ces "prairies sensibles" représentent 60% de l'exploitation de Christian Bidegaray. Cet éleveur gère 60 hectares sur les hauteurs de Bidarray, une exploitation coincée entre la Nive, la D918, et la montagne. Il élève des brebis laitières et des blondes d'Aquitaine avec sa femme et son fils. "En 2014, les prairies avait le titre de "sensible", mais on pouvait labourer, on pouvait désherber. Au fil des années, on nous a empêchés de labourer, donc de pouvoir les renouveler". Sans renouvellement des terres, l'agriculteur a vu les mauvaises herbes se développer et prendre le pas sur l'herbe mangée par ses brebis. "Suite aux sécheresses, aux attaques de chenilles, les prairies se salissent", observe Christian Bidegaray, qui se dit démunis et critique des "prairies sensibles" devenues intouchables.

"C'est un classement qu'on nous a imposé"

En 2023, ce sont les produits phytosanitaires qui ont été bannis par les institutions européennes, sur ces "prairies sensibles". Le problème dénoncé par les agriculteurs, c'est que ces sites à la nature préservée ont été désignés par l'État et l'Union européenne. "C'est un classement qu'on nous a imposé, critique l'éleveur de Bidarray, la profession n'a pas été concertée" pour dire quelle prairie peut être désignée "sensible" ou non. Comme si des bureaucrates à Paris avaient pointé du doigt sur une carte au hasard certaines zones naturelles. "Mais c'est la réalité", soutient Christian Bidegaray. "Avant 2000, quand ces territoires ont été classés Natura 2000, il n'y avait aucune contrainte. Ici, ces territoires, il y avait une feuille blanche, il n'y avait rien. Après, petit à petit, on a rajouté des couches sans concerter la profession."

Les "prairies sensibles" au Pays Basque se concentrent sur les zones montagneuses, des zones surtout utilisées pour les estives.
Les "prairies sensibles" au Pays Basque se concentrent sur les zones montagneuses, des zones surtout utilisées pour les estives. - capture d'écran de geoportail.gouv

Tout comme de nombreux agriculteurs au sein de la FDSEA 64, Christian Bidegaray demande à l'État de déclasser les "prairies sensibles". "Cette demande est logique, défend l'éleveur. Si on ne peut pas refaire les prairies, si on ne peut pas les retourner, si on ne peut pas désherber pour enlever les mauvaises herbes, ces espaces sont voués à l'enlisement et à la broussaille. Ce n'est pas ça qu'on veut, nous. On veut garder notre territoire propre et donc il nous faut un ensemble de mesures pour pouvoir faire ça. Comme le retour du désherbage chimique, avec des produits phytosanitaires. "Pas de manière systématique, mais il faut qu'on puisse l'utiliser de temps en temps quand même." Christian Bidegaray estime utiliser une dizaine de litres de produits phytosanitaires chaque année.

16% de "prairies sensibles" au Pays basque

Les "prairies sensibles" sont peu nombreuses au Pays Basque. Selon les chiffres de l'Agglomération Pays Basque, elles représentent environ 16% des terres permanentes, soit les terres exploitées par les agriculteurs. Et pourtant, il suscite la colère de nombreux agriculteurs basques, qui ont tenu à le faire savoir à Julien Charles, préfet des Pyrénées-Atlantiques, lors de la dernière assemblée générale de la FDSEA, mercredi 13 mars. "Moi, j'ai besoin d'avoir l'avis des maires sur ces sujets, a répondu le représentant de l'État dans le département. Pour mettre en place et protection environnementale, il faut le faire en bonne intelligence avec les territoires".

Le préfet des Pyrénées-Atlantiques Julien Charles, lors de la dernière AG de la FDSA 64, mercredi 13 mars à Gotein-Libarrenx.
Le préfet des Pyrénées-Atlantiques Julien Charles, lors de la dernière AG de la FDSA 64, mercredi 13 mars à Gotein-Libarrenx. © Radio France - Simon Cardona

En attendant un possible déclassement des "prairies sensibles", les agriculteurs de la FDSEA 64 demandent une mesure d'urgence : pouvoir retourner la terre d'une partie de ses prairies pour remettre de la bonne herbe ou mettre des céréales.

Lors d'un déplacement sur le plateau du Causse Méjan, le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, s'est, lui aussi, exprimé à ce sujet. Il a répondu aux questions de nos collègues de KWZ tv Lozère :

Le Ministre de l'agriculture - Marc FESNEAU - aborde le sujet des prairies sensibles. 22 mars 2024

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