Passer au contenu
Publicité

Les banques peuvent-elles sauver les agriculteurs en détresse financière ?

Par

Alors que les annonces gouvernementales pour aider les agriculteurs en détresse financière se multiplient, France Bleu Occitanie a rencontré plusieurs acteurs du secteur bancaire afin de savoir comment ils peuvent venir en aide aux agriculteurs. Un défi de taille, qu'ils sont prêts à relever.

Pierre Martinez est responsable du marché agricole pour une banque qui propose un taux bonifié à 2% aux agriculteurs qui souhaitent reprendre une exploitation Pierre Martinez est responsable du marché agricole pour une banque qui propose un taux bonifié à 2% aux agriculteurs qui souhaitent reprendre une exploitation
Pierre Martinez est responsable du marché agricole pour une banque qui propose un taux bonifié à 2% aux agriculteurs qui souhaitent reprendre une exploitation © Radio France - Pascale Danyel

Alors que le monde agricole est en crise depuis près de deux mois ( la première manifestation à Toulouse s'est tenue le 16 janvier et les barrages autoroutiers ont débuté le 18 janvier sur l'A64 à Carbonne), France Bleu Occitanie a rencontré plusieurs acteurs du secteur bancaire afin de savoir comment ils peuvent venir en aide aux agriculteurs. Un défi de taille, que les banquiers sont prêts à relever mais la méthode est loin d'être simple.

Publicité

Annonces gouvernementales contre réalité du terrain

Le chef de l'état Emmanuel Macron promet un recensement pour aider les exploitations les plus en difficulté afin de les aider à obtenir des facilités auprès des banques, le ministre de l'économie

Bruno Le Maire annonce un prêt à taux préférentiel entre 0 et 2,5% (aujourd'hui la moyenne des taux c'est autour de 4/5%) mais les banques comme celle de ce banquier toulousain dont le siège est à Balma n'ont pas encore reçu de précisions.

"Il n'y a pas deux exploitations qui se ressemblent"

Il s'appelle Pierre Martinez. Ingénieur agronome de formation, il est aujourd'hui banquier au Crédit Mutuel Midi Atlantique. Sa zone s'étend sur sept départements occitans. En ce moment, il parcourt les salons, il rentre de Paris et prépare ceux de Tarbes et de Réalmont. Sa clientèle est exclusivement composée d'agriculteurs : 4.000 clients agriculteurs et des profils qu'il faut traiter au cas par cas, dit-il :  "Il n'y a pas deux exploitations qui se ressemblent."

Sa banque propose en ce moment un prêt bonifié à 2% pouvant aller à 200.000 euros sur 15 ans pour faciliter la transmission intergénérationnelle. Difficile de passer à coté de la campagne de publicité dans la rue, les demandes affluent : "Il faut savoir que d'ici 10 ans, 30% des agriculteurs vont céder leur exploitation. Cest un gros challenge qu'il y a aujourd'hui pour permettre une agriculture locale et pérenne."

Quant au prêt à taux préférentiel entre 0 et 2,5% annoncé par Bruno Le Maire pour faire face aux difficultés financières, Pierre Martinez y voit un signe positif envoyé par le gouvernement, mais "tout dépend de sous quelle forme cela va se faire. Si c'est des accompagnements de trésorerie c'est faisable, si c'est des accompagnements à plus long terme c'est quelque chose de plus compliqué à mettre en place. On attend plus de précisions sur ces mesures annoncées par Bruno Le Maire."

Pierre Martinez travaille au recensement des exploitations agricoles les plus en difficultés promis par Emmanuel Macron et il s'attend à de nouvelles tensions notamment pour les céréaliers qui, dit-il, n'ont pas pu semer dans de bonnes conditions et aussi pour les éleveurs qui souffrent des effets de la MHE, la maladie hémorragique qui touche les bovins.

Campagne de publicité à quelques pas de la Cité de l'espace à Toulouse.
Campagne de publicité à quelques pas de la Cité de l'espace à Toulouse. © Radio France - Pascale Danyel

Le président de la fédération bancaire française en Occitanie se dit confiant

Les banques peuvent-elles sauver les agriculteurs en détresse financière ? Le président de la fédération bancaire française en Occitanie, Christophe Le Pape, est confiant. Il représente l'ensemble des banques occitanes et donc les banques des 65.000 exploitations agricoles que compte la région Occitanie, la première région agricole de France : "Je reste confiant car on voit qu'il y a une diversité de situation. L'idée c'est de rentrer dans une logique de dialogue, que personne ne se sente non écouté ni non accompagné. Il y a la possibilité de rééchelonner les encours de crédits jusqu'à trois ans, il y a la possibilité de faire appel à un taux préférentiel et pour ceux qui sont en très grande difficulté il y a la possibilité de se tourner vers les préfectures qui entreront ensuite en relation avec les banques pour trouver la solution la plus adaptée à la situation de l'entreprise. Je reste extrêmement confiant en la capacité qu'a le monde agricole pour innover et avancer."

Le président de la chambre d'agriculture du Gers attend les circulaires d'application

Bruno Le Maire a beau avoir annoncé un PGE (prêt garanti par l'état) de deux milliards dès le mois de mai, et non en juin comme initialement prévu, les agriculteurs ne croient que ce qui est acquis. Ils demandent des garanties gouvernementales.

C'est la raison pour laquelle des ballots de paille ont été récemment déposés devant certaines agences bancaires dans le Gers, indique le président de la chambre Bernard Malabirade. Ce dernier attend les applications concrètes des aides financières annoncées : "Depuis un mois on a énormément d'annonces qui sont arrivées, mais peu se sont concrétisées donc ce que nous attendons aujourd'hui ce sont les circulaires d'application de ces nouveaux financements publics qui permettront aux exploitations de trouver un ballon d'oxygène".

Et Bernard Malabirade d'ajouter : "Les banques sont des collaborateurs de nos exploitations, ils sont très proches, mais à un moment donné, quand le cumul des difficultés est tel, ils ne peuvent plus accompagner car c'est du financement abusif, les règles bancaires les empêchent de continuer leur soutien donc c'est pour ça qu'à ce stade il faut que la puissance publique intervienne afin que les exploitations retrouvent de la trésorerie."

Le taux d'endettement maximum pour un agriculteur varie au cas par cas. Contrairement aux particuliers, il peut dépasser les 35% des revenus.

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

Publicité

undefined