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"J'ai rendez-vous chez un psychologue" : la détresse d'un éleveur breton touché par la grippe aviaire

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François Kerscaven est l'un de trois éleveurs du Finistère touchés ces derniers mois par l'épidémie de grippe aviaire. Son cheptel entier, plus de 11.000 dindonneaux, a dû être abattu mi-novembre. Un coup de massue pour le producteur.

Le bâtiment de 1.500 m2 est vide depuis quasiment 2 mois. Il abrite en temps normal 11.500 dindonneaux Le bâtiment de 1.500 m2 est vide depuis quasiment 2 mois. Il abrite en temps normal 11.500 dindonneaux
Le bâtiment de 1.500 m2 est vide depuis quasiment 2 mois. Il abrite en temps normal 11.500 dindonneaux © Radio France - Angeline Demuynck

Près de trois millions et demi de volailles abattues depuis cet été en France, 50 millions depuis la fin 2021 en Europe : l'épidémie de grippe aviaire continue de faire des ravages dans les élevages, à tel point que les autorités sanitaires la considèrent comme "la plus dévastatrice jamais observée sur le sol européen". La Bretagne, jusqu'à présent épargnée, est à son tour concernée. Un nouveau foyer a été détecté fin décembre dans les Côtes d'Armor, dans un élevage de poules pondeuses de Canihuel, au sud de Guingamp. Dans le Finistère, trois élevages ont été touchés ces derniers mois dont celui de François Kerscaven, à Taulé près de Morlaix. Toutes ses volailles ont été gazées sur place. Un choc pour l'éleveur qui est également référent influenza aviaire pour la Chambre d'agriculture de Bretagne.

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Depuis la mi-novembre, il règne dans l'exploitation un calme inhabituel. A l'intérieur du bâtiment conçu pour accueillir  11.500 bêtes, pas un bruit. "Normalement à cette période il aurait dû rester les dindons, les mâles, confirme l'éleveur, et là rien du tout, le vide, le silence". Tout s'est joué en quelques heures cet automne. François Kerscaven éleveur de dindes depuis bientôt 30 ans n'en revient toujours pas : "Le lundi soir, j'ai fait mon dernier tour dans l'élevage. Tout allait bien. Le lendemain matin, quand je suis rentré dans le bâtiment, j'ai très vite compris ce qui se passait quand j'ai vu plus de 100 animaux morts en moins de 12 heures". Les résultats de l'autopsie tombent peu après : il s'agit bien de l'influenza aviaire.

A partir de là, l'engrenage sanitaire se met en marche. "C'est un site de guerre bactériologique, se souvient le producteur breton. Quand vous voyez 30 personnes arriver, le premier camion qui, sur son pare brise, a une affiche bleu blanc rouge, avec écrit "véhicule prioritaire sanitaire", le chauffeur en combinaison blanche... Dès ce moment là, l'accès à l'élevage est devenu réglementé, plus personne ne pouvait approcher. La mairie a dû prendre un arrêté pour interdiction de circulation sur la route."

"J'ai été aidé médicalement"

L'éleveur évoque un énorme gâchis, "90 tonnes de nourriture jetées à la poubelle". Il prenait pourtant toutes les précautions pour éviter les contaminations. "Comme un chirurgien se lave les mains, se change quand il entre dans le bloc opératoire, nous aussi, on a un sas et on change de tenue. On peut se changer 20 ou 30 fois par jour. Et malgré ça, on peut quand même être impacté", regrette t-il.

En attendant l'indemnisation de l'État. François Kerscaven peut compter financièrement sur son groupement de producteurs. Mais psychologiquement, c'est une autre histoire. "Même si on se dit "ce n'est pas de ta faute, ne culpabilise pas", on a toujours un sentiment de culpabilité. C'est une période dont on ne ressort pas indemne. J'ai déjà été aidé médicalement pendant les premières semaines et je crois qu'il y en aura encore besoin", reconnait l'éleveur qui a pris rendez-vous chez un psychologue pour l'aider à gérer cette période difficile.

Impensable donc pour lui de revivre un tel cauchemar. Il compte notamment sur la vaccination annoncée à l'automne prochain. "Les services de l'État sont en train de travailler dessus. On leur fait confiance. Ils ont su travailler vite. Là aussi, on est en état d'urgence, on ne peut pas continuer avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Il va falloir trouver une solution".

Une deuxième désinfection des locaux est prévue dans les jours qui viennent. Si tout va bien, l'élevage de Taulé pourra accueillir à nouveaux des dindonneaux début février, sous surveillance sanitaire pendant au moins un mois.

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