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"C'était le plus beau terroir de la commune" : l'arrachage des vignes a démarré dans le Bordelais

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Plus de 9.000 hectares de vignes devraient être arrachés en 2024 dans le Bordelais, dans le cadre du plan lancé par l'État. Les premiers viticulteurs ont déjà commencé à détruire leurs vignes.

Bernard Arino a commencé à arracher ses vigne à Pujols, en Gironde. Bernard Arino a commencé à arracher ses vigne à Pujols, en Gironde.
Bernard Arino a commencé à arracher ses vigne à Pujols, en Gironde. © Radio France - Augustin Chevrier

"Ils les arrachent délicatement à la pelle, en s'assurant que toutes les racines sont bien enlevées. Puis ils en font un tas, et le brûlent". Devant chez Bernard Arino à Pujols, près de Castillon-la-Bataille (Gironde), la vigne cède lentement la place à la terre nue, au rythme des pelleteuses qui vont et viennent entre les rangs. Depuis mi-janvier, le viticulteur à la retraite a lancé l'arrachage de 14 de ses 17 hectares de vigne. Il y a travaillé toute sa vie, et son père avant lui. À la mi-février, tout aura disparu.

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Plus de 8.000 hectares bientôt arrachés

"Ça ne me fait plus rien, car j'ai tourné la page. Mais c'était le plus beau terroir de la commune", soupire Bernard Arino. L'agriculteur qui exploitait la vigne depuis son départ à la retraite a décidé d'arrêter, et le viticulteur n'a pas trouvé de repreneur. "Personne n'en veut, le vin ne se vend plus aussi bien", constate-t-il.

L'État a lancé en 2023 ce plan sanitaire d'arrachage des vignes pour lutter contre la surproduction, et éviter la propagation de la flavescence dorée, une maladie de la plante. 8.000 hectares devraient être détruits cette année dans le Bordelais, soit quasi 10% de la surface totale de vignes.

"On marche sur la tête"

Pour chaque hectare arraché, l'État verse 6.000 euros aux viticulteurs concernés. Pas de quoi les consoler. "L'arrachage me coûte déjà 2.250 euros par hectare", pointe Bernard Arino. "Le reste de cette aide est imposable. Et il faudra ensuite financer la reforestation des parcelles, ou leur entretien pendant 20 ans." Car les terrains défrichés grâce à cette aide de l'État doivent rester inexploités pendant deux décennies. "On marche sur la tête", soupire le viticulteur.

Face à la colère des agriculteurs, le gouvernement a annoncé une aide à l'arrachage supplémentaire de 150 millions d'euros en début de semaine. Mais pour l'instant, Bernard Arino finance la destruction de ses parcelles sur ses propres deniers. "J'ai reçu un courrier disant que mon dossier était à l'étude, et que je pouvais commencer à arracher. Mais je n'en sais pas plus ! J'ai emprunté les fonds à la banque". Dans les semaines à venir, les pelleteuses devraient être bien occupées dans le secteur de Pujols. "Tous mes collègues qui partent à la retraites vont faire arracher, car ils ne trouvent pas de repreneurs", constate Bernard Arino. "Ça va faire un vide".

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