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Brexit et vins de Bourgogne : les professionnels envisagent les conséquences

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Le Brexit va-t-il porter préjudice au vignoble bourguignon ? Les bourses européennes s'affolent et le taux de change livres sterling/euros est en défaveur des exportations. Le Royaume-Uni est le deuxième marché pour les vins de Bourgogne. Les professionnels envisagent l'avenir.

Les professionnels bourguignons s'interrogent après le referendum sur le Brexit.
Les professionnels bourguignons s'interrogent après le referendum sur le Brexit. © Maxppp - -

Ce sont les blancs qui plaisent : Chablis et Petit Chablis ont la préférence des britanniques. Mais vendredi dernier, ceux-ci ont voté à 51,9% pour quitter l'Union Européenne. Même si les conséquences d'une telle sortie ne sont pas encore connues, certains professionnels du vin se posent beaucoup de questions.

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Distinguer le court et le moyen terme

Parmi ces professionnels, Pierre Gernelle. Il est le président du syndicat des négociateurs-éleveur de Bourgogne : "Ce qu'il faut c'est distinguer le très court terme, du court et du moyen terme. À très court terme, on voit que les bourses sont chahutées, les valeurs boursières, les actions et également les parités dans la livre sterling. On s'attend à ce qu'il y ait une intervention très prochaine des banques centrales pour stabiliser la chose."

Si les choses se stabilisent sur le court terme concernant les taux de change, il n'y aura pas d'effets immédiats concernant les exportations des vins de Bourgogne. Mais si le déséquilibre persiste entre les monnaies, les vins de Bourgogne vont voir leur prix augmenter, ce qui va leur porter préjudice. Louis Moreau, vice-président de la commission Chablis du Bureau interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) connait bien le marché : "On ne sait pas quelle pourrait être l'augmentation. Est-ce que le consommateur va accepter une augmentation de 5 ou 10% ? On va dire non...  On est dans un créneau de prix et donc, dépasser un certain solde en livres sterling, le consommateur ne va pas acheter. Mécaniquement, il va y avoir moins de volumes achetés dans les maisons de négoce et du coup ça va baisser notre part à l'export au Royaume-Uni. C'est surtout ça dont on a peur."

Le Chablis, les vins de Bourgogne, c'est quand même un volume relativement important avec 15 millions de bouteilles exportées au Royaume-Uni.  
> - Louis Moreau, vice-président de la commission Chablis du BIVB

Inquiétude sur les frais de douane

Ce que craignent aussi les exportateurs, ce sont le retour des barrières économiques. Pour Pierre Grenelle, il va falloir garder un œil sur les modalités de sortie des britanniques : "Puisque le Royaume-Uni décide de quitter le marché commun, on va voir se réintroduire des bannières douanières tarifaires voir réglementaires... et cela pourrait -je le dis bien au conditionnel- pourrait pénaliser les exportations de vins de Bourgogne. Ça pourrait signifier un vin de Bourgogne plus cher pour les anglais, sachant que c'est un marché extrêmement concurrentiel où tous les acteurs mondiaux sont présents et où les prix ont une très grande l'importance et où les consommateurs sont extrêmement sensible aux évolutions de prix."

Les principaux concurrent du Bourgogne ce sont les autres vins français bien sûr, mais les anglais aiment particulièrement "les vins chiliens, australiens, argentins" précise le BIVB.

De nouvelles stratégies d'export

Alors comment appréhender ce nouveau bouleversement après les intempéries qui ont porté préjudice au vignoble bourguignon ? "Au quotidien, on va pas le ressentir tout de suite. Il y aura des répercussions pour le petit producteur qui vendait en vrac à une maison de négoce qui elle-même revendait sur un marché britannique. Il y aura moins de vins achetés au petit viticulteur. C'est dommage, surtout dans cette période qui est très difficile pour les vignes de Bourgogne."

On est très tendu au niveau des stocks, on a un début d'année avec beaucoup d'intempéries et d'incertitudes, tout cela va sortir l'année prochaine avec une forte tension prix/stock et là le Royaume-Uni...  
> - Louis Moreau, vice-président de la commission Chablis du BIVB

Le réel impact ce sera sur le millésime 2016 qu'on va récolter cette année en septembre/octobre et qu'on va sortir l'année prochaine. Donc oui, il y a un gros point d'interrogation avec un gros feu rouge "Attention vigilance".

Depuis deux ans, le vin de Bourgogne est dans une stratégie de montée en gamme. Si le marché baisse trop, les négociants envisagent de se tourner vers de nouveaux clients "On va être obligés de baisser les volumes et on fera peut-être moins de supermarchés et hypermarchés qui sont une part important au Royaume-Uni . On va sortir de ce créneau et rentrer plutôt sur la partie restauration, chez les cavistes."

Et surtout, aller chercher d'autres pays européens : La Russie, l'Estonie, Lituanie, Pologne et éventuellement la Turquie sont des marchés porteurs. Les petites exploitations bourguignonnes, elles, ne veulent pas faire de conjectures. Certains maître de chai évoquent même une "tempête dans un verre d'eau".

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. © Radio France - Marion Bargiacchi - Picktochart

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