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Jean-Charles Martinelli, boucher itinérant : 24 au 30 octobre

À retrouver dans l'émission
Christophe Zagaglia
Le samedi à 13h et le mardi à 20h
- Mis à jour le
Par

Artisan boucher-charcutier depuis plus de 30 ans, Jean-Charles Martinelli sillonne chaque jour la région bastiaise. Itinéraire d'un quinquagénaire passionné par son métier, au détour des hameaux du Cap Corse.

Jean-Charles Martinelli
Jean-Charles Martinelli © Radio France - Christophe Zagaglia

7h du matin à Ceppe. Dans sa boucherie-charcuterie de Biguglia, Jean-Charles Martinelli finit de charger sa marchandise. Dans quelques minutes il prendra le volant de son camion, direction ce matin le Cap Corse. Une microrégion qu'il parcourt chaque semaine. L'artisan-boucher sillonne quotidiennement les routes de la région bastiaise depuis plus de 30 ans. Originaire de Perelli d'Alisgiani et de Sotta, Jean-Charles a toujours voulu être boucher. Il a débuté dans le métier à 18 ans. « Mes journées commencent à 6h du matin et finissent vers 19h30. C'est un métier physique, dur, je fais près de 15 000 kilomètres par an. Cependant, à 54 ans, je ne changerai de profession pour rien au monde » affirme l'artisan.

8h30, le boucher est en route pour le Cap Corse, près de 70 kilomètres à parcourir ce matin. La microrégion, il la connaît comme sa poche, il y vient deux fois par semaine depuis 1986. « J'ai découvert le Cap Corse en faisant ce métier, j'ai rencontré ma femme dans la région, c'est un endroit que j'adore, j'y ai beaucoup d'amis, notamment dans ma clientèle. Cependant, j'aime autant mes autres tournées, chaque microrégion a son charme ».

Premier arrêt de la matinée à Miomu, hameau de Santa Maria di Lota. Les clients sont déjà au rendez-vous et attendent depuis quelques minutes l'arrivée de Jean-Charles. « C'est un amour ! Il est très gentil et il a de bons produits, ça fait 20 ans que je le connais, il a ses fans ! » s'exclame une cliente. Les atouts du boucher ? Son humour et sa bonne humeur. Jean-Charles aime la macagna. « Je ne suis pas du village de Grossu Minutu pour rien, j'adore la dérision et rire avec mes clienst ! » dit l'artisan en souriant.

Jean-Charles Martinelli est l'un des derniers marchands ambulants du Cap Corse
Jean-Charles Martinelli est l'un des derniers marchands ambulants du Cap Corse © Radio France - Christophe Zagaglia

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Ses premiers clients sont servis, Jean-Charles a pris des nouvelles de tout le monde. Le marchand ambulant se remet rapidement en route, les autres n'attendent pas, direction à présent A pieve di Lota. Prochaines étapes de sa tournée : les hameaux de Figarella, Partine et Mandriale.

Beaucoup sont devenus au fil du temps des amis, je suis régulièrement invité à manger chez eux. Ils n'ont pas besoin de me dire ce qu'ils viennent m'acheter, je le sais d'avance. Certains viennent chez moi depuis 30 ans, j'ai servi leurs grands-parents ou leurs parents, ça tisse des liens .

L'artisan est aussi un témoin de l'évolution de la société « Aujourd'hui, les gens cherchent de plus en plus des choses simples, des plats préparés par exemple, surtout la nouvelle génération, il faut que je m'adapte aux nouveaux modes de consommation ».

Les yeux rivés sur la route qui mène au petit village de Mandriale, Jean-Charles Martinelli est nostalgique mais aussi pessimiste quant à l'avenir du métier de tragulinu. La disparition progressive des anciens dans les villages et la concurrence des supermarchés sont des problématiques que les marchands-ambulants prennent au sérieux. « En 30 ans, j'ai bien gagné ma vie, j'ai réussi mon pari, mais à quel prix ! Nous assurons un service public et nous devons être au rendez-vous chaque semaine pour servir la population. Dans le Cap Corse, les maisons sortent de terre comme des champignons, mais paradoxalement, les gens vont faire leurs courses de plus en plus en ville. Le métier de marchand ambulant n'est pas aujourd'hui une profession viable pour un jeune » regrette l'artisan.

La relève et l'avenir

Jean-Charles a trois fiertés. La première est d'avoir eu deux enfants qui ont voulu suivre son chemin. Geoffrey et Dorian, ses deux fils sont bouchers-charcutiers depuis quelques années à Bastia et ont ouvert leur propre boutique « Ce n'est pas parce que ce sont les miens, mais mes fils sont passionnés par leur métier et ils le font très bien» se félicite le papa.

Son autre fierté : avoir créé des emplois « Avec mon associé, nous sommes heureux d'avoir pu embaucher neuf personnes et surtout de pouvoir leur donner un emploi pérenne, ce n'est pas le cas malheureusement de toutes les entreprises du secteur de la grande distribution en Corse ».

L'artisan-boucher se réjouit également que la profession soit de plus en plus prisée par les jeunes insulaires « Je suis formateur et professeur au CFA de Haute-Corse, le métier est plus plébiscité chez les jeunes aujourd'hui qu'hier. C'est rassurant même si le chemin est long et difficile pour devenir professionnel » poursuit l'artisan.

Bientôt 13h, Jean-Charles Martinelli arrive au terme de sa tournée capcorsine. Pour autant, sa journée n'est pas terminée. Il repartira dans quelques heures sur les routes de la région bastiaise, cap cette fois-ci sur les hauteurs de Bastia :Cardu et Casevechje.

Jean-Charles Martinelli est le nouveau président de la chambre des métiers de Haute-Corse
Jean-Charles Martinelli est le nouveau président de la chambre des métiers de Haute-Corse © Radio France - Christophe Zagaglia

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