La philo, cette spécificité française

Montée de stress et boule au ventre. Près de 700.000 lycéens s'apprêtent à affronter les épreuves du baccalauréat... à commencer mercredi par la tant redoutée épreuve de philosophie. L'enseignement obligatoire de la philo remonte au Premier Empire et reste une spécificité de l'éducation française. Seul le Portugal s'en rapproche avec un apprentissage des notions telles que le déterminisme, la liberté, la raison, le réel, etc...

En Grande-Bretagne, la philosophie n'est pas enseignée. Dans les écoles d'Allemagne, de Pologne ou de Suède, elle est optionnelle. Elle est obligatoire en Espagne ou en Italie, où elle se rapproche cependant plus d'un cours d'histoire des idées, souvent dispensé par des professeurs d'histoire et de manière bien moins complète qu'en France.

Un héritage du siècle des Lumières

Selon une circulaire de 1922, à laquelle l'Education nationale fait encore référence aujourd'hui, la philosophie se définit comme "l’apprentissage de la liberté par l’exercice de la réflexion" et se conçoit comme "sens et fin de l’instruction publique". Former de futurs adultes éclairés à l'esprit critique : voilà un héritage direct du siècle des Lumières et de ses philosophes, qui ont profondément marqué l'histoire de France et notre société.

Autre explication de cette spécificité française - explication développée notamment par Pierre-Henri Travoillot, le président du Collège de philosophie à la Sorbonne : contrairement à d'autres en Europe, la plupart des écrits de nos philosophes - qui sont souvent des écrivains - s'avèrent plutôt faciles à aborder en première lecture. En résumé, il est bien plus aisée de se frotter aux contes philosophiques de Voltaire qu'à la Critique de la raison pure ou aux Prolégomènes à toute métaphysique future de l'Allemand Emmanuel Kant...