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Le droit de mourir dans la dignité

À retrouver dans l'émission

Le 2 novembre c’est la journée mondiale du droit de mourir dans la dignité. Alors même si nous nous trouvons là à l’intime de l’être humain et de ses proches, le Docteur Ducassé nous apporte un éclairage médical sur cette notion de dignité dans la mort.

Deux générations...
Deux générations... © Getty

L'utilisation du terme dignité au sujet des droits des malades en fin de vie génère controverses et polémiques. Derrière ce terme se cachent des courants de pensée philosophiques et/ou religieuses et des pratiques souvent divergentes, voire des législations totalement opposées. Comme vous l’avez dit loin de moi l’idée de m’immiscer sur France Bleu Occitanie dans l’intime de chacun de nos auditeurs mais il faut bien en effet parler de la fin de la vie et cette journée en est l’occasion. 

Pour moi médecin, le recours à la notion de dignité dans les questions soulevées par la fin de vie est étroitement lié à l'état physique et psychologique dans lequel se trouve le malade.  En effet, la dignité s'oppose, de plus en plus, à la déchéance tant physique que morale, mais aussi, par extension, à la souffrance intolérable et à la dégradation de la conscience. 

De plus, le sentiment de perte de dignité est renforcé par l'image que le mourant peut renvoyer à son entourage. Il cesse de correspondre à la représentation qu'on se fait de l'être humain. 

On assimile alors le mourant à un objet et non plus à une personne humaine sujet de droit ; d'où l'emploi de qualificatifs, tels que déchet, épave ou encore légume qui tendent à rejeter le mourant de la communauté humaine. Ainsi définie, la dignité peut se perdre par la déchéance, la dégradation, la souffrance, la dépendance. 

On oppose alors dignité et indignité, dignité et perte de dignité.  Une position prônée par beaucoup serait de préférer la mort dans la dignité plutôt qu'une vie indigne. C'est sur ce concept de dignité que repose l'argumentation des défenseurs de l'euthanasie. Le malade en fin de vie disposerait d'un droit à mourir lorsque son existence est devenue indigne et inacceptable pour lui et pour les autres. 

Et il solliciterait l’aide de médecin et de soignant pour cela. Dans notre société, largement dominée par l'image, il s'agirait de sauver une dernière vision, celle de l'individu libre dans sa mort comme dans sa vie.  Mais aujourd’hui, très clairement, l’acte d’euthanasie n’est pas possible pour les soignants et les médecins et il est même condamnable pénalement. En revanche, selon moi médecin, aucun être humain ne peut perdre sa dignité quels que soient les dommages physiques ou psychologiques infligés par la maladie, quels que soient ses actes ou sa condition sociale. Ainsi, le Conseil constitutionnel a-t-il affirmé en 1994 que «la sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre toute forme d'asservissement et de dégradation est un principe à valeur constitutionnel »

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