1930, le 1er des Lorrains, Emile Veinante, un sacré Mimile ! / Série "les Lorrains dans la coupe du monde" 2/4

On démarre par une petite parenthèse : avez-vous entendu ce Qatari se plaindre qu'il avait froid en regardant les matchs de la coupe 2022, tellement la clim est forte dans les stades ? Alors, on va lui rappeler que le 13 juillet 1930, lors du premier match de la première coupe du monde, opposant la France au Mexique... il neigeait. Un temps exécrable qui n'avait pas refroidi les ardeurs des Français battant les Mexicains 4 buts à 1. En 92 ans de coupe du monde, presque tout a changé dans cette compétition. En 1930, le fondateur du Mondial et organisateur, un Français, Jules Rimet, a bien du mal a réunir le nombre suffisant d'équipes. Même la France rechigne car le voyage en bateau est long. Et puis c'est compliqué parce qu'il n'y a quasiment pas de joueurs professionnels ; Rimet doit passer des coups de fil aux patrons des joueurs pour qu'ils les lâchent. Et l'on assiste à des trucs incroyables : Marcel Pinel, du Red Star, soldat en 1930, est nommé par le Quai d'Orsay en mission spéciale auprès du consul de France à Montevideo, tout ça pour aller jouer au foot. Pour le sélectionneur, ça ne se passe pas si bien. Gaston Barreau travaille pour l'académie de musique qui refuse de le libérer et finalement il n'accompagnera pas ses joueurs en Uruguay. 

En revanche, Lucien Laurent, premier buteur français de l'histoire de la coupe du monde, ouvrier chez Peugeot à Sochaux, a bien été autorisé à venir. Tout comme Mimile, notre premier Lorrain, joueur au CAM (Cercle athlétique messin), un des meilleurs attaquants des années 30. Il participera à trois coupes du monde, en 1930, 1934 et 1938. La presse de l'époque aime bien tirer son portrait car il n'est pas tout à fait dans la norme. Celui qu'on appelle « le Lorrain de Paris » est le seul à ne pas porter de protège-tibias, il est pêcheur (notamment sur la Moselle), c'est un bon vivant qui prend régulièrement de l'embonpoint. A un journaliste du Miroir des Sports en 1937, il explique qu'il n'aime pas troubler son estomac, il ne mange donc aucun fruit frais, il n'aime pas ça. Mais il adore la viande rouge, ça lui donne, dit-il, "un surcroît de puissance". Viande rouge toujours accompagnée d'un rouge tout court, car Mimile est amateur de Bordeaux (le vignoble, pas l'équipe). Il est aussi gros fumeur et n'a pas du tout l'intention d'arrêter. Le journaliste raconte qu'il s'éclipse du vestiaire systématiquement avant chaque match pour aller fumer dans un coin : "Croyez m'en si vous voulez, ça me rend un peu de calme et de sérénité", dit Emile Veinante. Lorsqu'il boucla sa carrière de footballeur, on lui demanda ce qu'il comptait faire, il hésita : entraîneur... ou bien je rachète un café.