Saviez-vous que Tunis a eu pour maire un Vosgien ?

Parmi les personnages qui relient les Vosges à la Tunisie, il y a d'abord Jules Ferry. Natif de Saint-Dié, Ferry est le président du Conseil qui donne l'ordre en 1881 d'envoyer un corps expéditionnaire de 24 000 hommes en Tunisie, qui devient alors protectorat français le 12 mai 1881 par le traité du Bardo. On décrit souvent Jules Ferry comme un colonisateur, ce qui n'est pas faux, mais sur la Tunisie, il était plutôt hésitant au début, pour des raisons électorales, et c'est Léon Gambetta, président de l'Assemblée des députés, qui le convainc d'intervenir. 

Entre le traité du Bardo et la déclaration d'indépendance, 75 ans s'écoulent pendant lesquels les Français s'investissent dans la gestion du pays, dont la famille Tremsal, originaire des Vosges. Le plus connu d'entre eux est Jean Tremsal, maire de Tunis de 1949 à 1956. Son père avait été envoyé en Tunisie à la fin du XIXe siècle par le ministère de l'Instruction publique. Il avait alors contribué à créer de nombreuses écoles. Les Tremsal ont deux enfants, Annie, née en Tunisie en 1900 et Jean, né à Mirecourt en 1902 alors que ses parents étaient rentrés au pays pour une période de vacances. Ce Vosgien maire de Tunis va marquer le pays et notamment la ville de Tunis. Jean Tremsal est un homme engagé, volontaire, généreux. Médecin à Tunis, il va notamment beaucoup travaillé sur l'éradication du paludisme en Afrique. Et pendant la seconde guerre mondiale, il refuse de livrer aux Allemands les noms de ses confrères médecins juifs. Car la résistance aux nazis s'organise aussi dans ce pays, unissant Français et Tunisiens, une résistance aux côtés des Alliés qui fera d'ailleurs évoquer l'indépendance dès 1950, par la voix de Robert Schuman (encore un Lorrain dans cette histoire !), alors ministre des Affaires étrangères. C'est la période où Jean Tremsal est maire de Tunis. Il a été élu parce qu'il est populaire, il est une personnalité qui compte, on le voit recevant les plus grandes stars de l'époque, Michel Simon, Maria Casarès, Paul Meurisse, Maurice Chevalier, Charles Trenet et, dans un autre genre, un autre grand Charles, Charles de Gaulle que Jean Tremsal reçoit à Tunis en 1953 pour célébrer les dix ans de la libération de Tunis. En 1956, quand sonne l'heure de l'indépendance de la Tunisie, Jean Tremsal est expulsé de Tunisie et on imagine son immense blessure. Il rentre alors dans les Vosges et devient médecin scolaire à Bruyères, Rambervillers et Saint-Dié. Il s'éteint en 1983. L'ancien maire de Tunis repose dans le petit village vosgien de Nompatelize.