Les 18 juin lorrains

L'appel à la résistance du général de Gaulle, lancé depuis Londres, à la BBC le 18 juin 1940 renvoie à plusieurs échos lorrains. En juin et juillet 1940, ils sont très peu nombreux à suivre de Gaulle : 7 000 environ et parmi eux il y a le vice-amiral Emile Muselier, qui arrive le 30 juin 1940 à Londres. Il est originaire d'une famille lorraine et il souffle à Charles de Gaulle l'idée de prendre la Croix de Lorraine comme emblème de son combat contre l'occupant nazi. Il y a l'aspect symbolique : la Lorraine, dans l'esprit de Charles de Gaulle, c'est très largement Jeanne d'Arc qui, d'une autre façon, a combattu pour une France souveraine (même si tout ce qui a été raconté sur elle est parfois contesté, mais le symbole est là). Il y a aussi l'aspect pratique : une Croix de lorraine, c'est facile à reproduire, à peindre sur les murs, à imprimer sur des tracts. Cette croix est celle qui fait face à une autre croix, la Croix gammée des nazis. Toutefois, si on veut être complet sur cette histoire, il est certain que l'attachement de Charles de Gaulle à la Croix de Lorraine est plus ancien. Il vit en effet en Lorraine pendant deux ans, juste avant le déclenchement de la 2e Guerre mondiale. Il est alors colonel commandant un régiment de chars, basé à Montigny-lès-Metz. Dès 1938 il avait fait créer un insigne de ce régiment avec au cœur une salamandre et une Croix de Lorraine. 13 ans après l'appel du général de Gaulle, le 18 juin 1953, décède un Lorrain, René Fonck, héros d'une autre guerre, la Première Guerre mondiale. Il était un génie de l'aviation baptisé "l'as des as", inhumé dans son village natal des Vosges, Saulcy-sur-Meurthe. Durant la 2e Guerre mondiale, Fonck est plutôt l'anti-héros, on lui reprochera de soutenir Pétain (rappelons que c'est le cas d'une écrasante majorité de Français). Un an plus tard, le 18 juin 1954, c'est la nomination de Pierre Mendès-France comme président du Conseil. Il restera dans l'histoire comme un exemple de droiture et il avait dans son gouvernement un Vosgien, né à Gerbépal, qui a marqué la région, Maurice Lemaire, ministre hautement important dans cette époque. Il détient le portefeuille de la reconstruction et du logement et, de fait, sera le principal interlocuteur de l'Abbé Pierre lors de cet autre appel resté célèbre, à l'hiver 54, nommé "l'insurrection de la bonté". C'est toujours une fierté de constater que presque partout, presque tout le temps, des Lorrains participent à l'histoire.