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1951, la mort du maréchal Pétain

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h25
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Nous sommes au tout début des années 50 avec Hélène Legrais et il est question de la fin de vie de Philippe Pétain. Remontons le temps avec les archives.

Hélène Legrais
Hélène Legrais © Radio France - Sébastien Giraud

Entre le héros de la 1ère guerre mondiale et le collabo de la 2e, le maréchal Pétain embarrasse les Français …

On parle beaucoup de lui dès le début de cette année 1951. Jugé pour intelligence avec l’ennemi et haute trahison par la Haute cour de justice en juillet 1945, frappé d’indignité nationale, condamné à la confiscation de ses biens et à la peine de mort, peine commuée en emprisonnement à perpétuité par le général de Gaulle, Philippe Pétain est détenu au fort de la Pierre Levée à l’Île d’Yeu. Certains députés demandent que, vu son grand âge (il va avoir 95 ans), il soit simplement placé en liberté surveillée. Et voilà qu’arrive, le 25 février, la commémoration du 35e anniversaire du début de la bataille de Verdun. Une question se pose : peut-on en écarter celui qui en est considéré comme le vainqueur ? Une délégation conduite par ses avocats va déposer une gerbe au pied du monument de la Victoire, dans la ville de Verdun même, avec cette inscription sur le ruban : « Aux anciens combattants de Verdun et à leur chef, le maréchal Pétain ». Lors de la messe commémorative à Notre Dame, le même jour, Mgr Feltin, l’archevêque de Paris, invite à prier pour lui. Le préfet de la Seine quitte les lieux aussitôt. Scandale.

Et le nom de Pétain revient de plus en plus fréquemment dans les journaux de l’époque …

Tandis que la France est en proie à une énorme crise ministérielle après la chute du gouvernement Pleven, la santé du vieux militaire suscite des inquiétudes. Il fait un grave malaise suite à une congestion pulmonaire. Entre aggravations et améliorations, commence alors un vrai feuilleton qui n’est pas sans rappeler l’interminable agonie du général Franco que je vous ai déjà racontée. Pétain décline, il refuse de s’alimenter. Très affaibli, il reçoit les derniers sacrements pendant un de ses moments de lucidité. Une légère amélioration lui permet de passer le jour de son anniversaire, fêté avec gâteau et bougies le 24 avril. L’Indépendant s’étonne de cette survie d’un vieillard « pratiquement condamné par la science depuis dix jours déjà » et vante « sa constitution exceptionnelle ».

L’USAP est battu par Tarbes, 15 à 0, en demi-finale du championnat de France, Carmaux crée la surprise en remportant le Bouclier de Brennus. Le XIII Catalan doit laisser le titre à Lyon. 10 000 viticulteurs en colère manifestent à Narbonne, le maréchal s’éteint doucement. Il est trop faible pour être transporté sur le continent, une commission médicale débarque à Port-Joinville. « Autant en emporte le vent » est présenté en avant-première au cinéma « Le Nouveau-Théâtre », c’est un triomphe ! Charles Trenet chante à la Fête des Grands Lits Blancs à Elne. Le lieutenant Bernard de Lattre de Tassigny, le fils du général, est tué en Indochine. « Le maréchal Pétain à toutes extrémité » titre l’Indépendant début juin. Sa famille est réunie à l’Ile d’Yeu et on commence à préparer les futures obsèques. Un demi-escadron de la Garde républicaine vient renforcer la garnison sur place et les journalistes affluent dans l’attente de son décès. Le roi Léopold III à qui les Belges reprochent sa reddition aux Allemands et de s’être constitué prisonnier pendant la guerre abdique en faveur de son fils Baudoin. Elections générales en France le 17 juin, André Tourné, PCF, Arthur Conte et François Delcos pour les listes apparentées d’union républicaine sont élus députés. Le même jour le maréchal Pétain est gracié pour raison médicale. Le 38e Tour de France s’élance, Louison Bobet et le suisse Koblet sont favoris. Théâtre, concerts, l’été est culturel à Perpignan. Le 23 juillet, la nouvelle tombe enfin : le maréchal est mort. Ses obsèques qui réunissent ceux qui lui sont restés fidèles, sont simples mais solennelles en l’église Notre-Dame de Port-Joinville. Sur la dalle de sa tombe, ces seuls mots : Philippe Pétain, maréchal de France.

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