1951, l’après-guerre dans les Pyrénées-Orientales

En 1951 la guerre n’est finie que depuis 5 ans et on le voit dans l’actualité …

En janvier, l’Assemblée nationale, moins les socialistes et les communistes, vote une large loi d’amnistie concernant toutes les personnes condamnées à la dégradation nationale pour au maximum 15 ans. Par ailleurs certains députés demandent au gouvernement de mettre les détenus âgés de plus de 75 ans en résidence surveillée. Charles Maurras et le maréchal Pétain pourraient en être les premiers bénéficiaires. Le procès de la gestapo de Vichy s’ouvre à Marseille. Le budget du réarmement est voté. La défense nationale est réorganisée avec à sa tête le général Juin. Le général de Gaulle est attendu le 8 janvier à Perpignan. Il doit prendre la parole à la Farandole, au garage Citroën, en tant que leader du RPF, le Rassemblement du Peuple Français (c’est le nom de son parti), mais, c’est écrit dans l’Indépendant, c’est « le Libérateur de la France » que les Catalans s’apprêtent à recevoir. Les anciens combattants, ceux de 14-18, ceux de 39-45 comme ceux d’Indochine où les combats se poursuivent, se pressent pour l’écouter. C’est la 2e visite du général dans le département mais la 1ère en février 1949 à Ortaffa avait été confidentielle. « J’aurais pu faire un coup d’Etat, lance-t-il dans son discours, mais si je l’avais fait, il eut été mortel pour le pays ».

Un pays qui semble bien malade

Le gaz, l’électricité, les charbonnages et la SNCF, nationalisés, sont tous en déficit. Seule la Régie Renault réalise des bénéfices. Les prix ne cessent d’augmenter. Le litre d’huile d’arachide est à 315F (anciens francs) soit + 28% ! Il est prévu d’augmenter le charbon, avec lequel la majorité des Français se chauffent encore, de 8 à 10%. Une hausse de l’électricité de 30% est à l’étude.

Difficile en effet, alors on se réfugie dans la nostalgie …

Notamment en rugby. L’USAP accueille Bayonne … et si on rejouait le « match-roi », ce match du printemps 1914 où l’ASP d’Aimé Giral futur champion et les Bleus et Blancs, tenants du titre, n’avaient pu se départager au stade de la route de Thuir malgré trois prolongations ? L’arbitre avait fait une syncope et plusieurs joueurs s’étaient écroulés, à bout de force. En 1951, les capitaine ne sont plus Barbe et Forgues mais Brazès et Dauger et on rêve d’un nouveau match d’anthologie ! C’est l’USAP qui s’impose 17 à 10.

Et toujours en janvier, une drôle d’affaire est jugée par la 13e chambre correctionnelle …

Il s’appelle Verlaine mais ce n’est pas un poète même s’il ne manque pas d’imagination. Henri Verlaine, de Bompas, est jugé pour escroquerie. Faux médecin à ses heures, il a profité de la position de son père, huissier au Palais Bourbon, pour subtiliser du papier à lettre et des enveloppes à l’en-tête de l’Assemblée nationale qui lui ont permis de gruger pas mal de monde et en particulier un photographe de Versailles à qui il a fait miroiter un poste de chef du service photographique de l’Assemblée en échange de 20 000 F. Et quelques jours après le dénommé Espina a effectivement reçu de ses mains une attestation d’apparence très officielle lui annonçant sa nomination. Seulement quand il s’est présenté avec aux gardes du Palais Bourbon, il s’est vu en interdire l’accès et comme il insistait il a même pris quelques coups et son appareil a été cassé. Ah, un détail qui a son importance : à l’époque, il est formellement interdit de prendre la moindre photo dans l’enceinte du Palais Bourbon ! Verlaine écope de 18 mois de prison et de 20 000 F d’amende.