Matra, le panache et l’esprit

Au début des années 70, Matra porta haut le flambeau des voitures françaises comme Bugatti l'avait fait avant guerre. Matra, c'est d'abord une firme d'armement qui veut se faire une image. Sous l'impulsion d'un jeune dirigeant extrêmement ambitieux nommé Jean-Luc Lagardère, Matra va créer ses voitures dès 1964 et s'imposer deux objectifs : gagner d'ici dix ans en Formule 1 et au Mans.

L’aventure en terres mancelles commence en 1966. Les premières années sont difficiles et marquées par de graves accidents en essais. Il y a bien l'exploit de 68 lorsque Pescarolo sans essuie-glaces sous la pluie, va se retrouver en deuxième position. Hélas, une crevaison et un début d'incendie immobiliseront la Matra pour de bon à deux heures de l'arrivée. Mais le public a trouvé son champion.

Matra a déjà gagné la bataille de l'image. Néanmoins, après 1971, le meilleur classement est une quatrième place, bien en deçà des ambitions de l'écurie et de ses pilotes, formant une véritable équipe de France. Ces mousquetaires et leur capitaine Lagardère allient le panache et l'abnégation, créant un esprit Matra.

Henri Pescarolo : “Dans l'esprit Matra, c’est l'ambition et l'audace. Parce que quand Jean-Luc Lagardère a annonçé lors de sa première conférence de presse “On sera champion du monde de Formule 1 et on gagnera le Mans”, tout le monde a éclaté de rire, ou s’ils n’ont pas rigolé c’est qu’ils étaient polis. Mais c'était effectivement une ambition incroyable, une audace exceptionnelle et une réussite fabuleuse. Ce sont les trois termes qui vont sur Matra”.

Cette réussite, elle viendra les trois dernières années. S'astreignant à une préparation méthodique et novatrice, les Bleus vont réaliser un doublé en 1972. La paire Henri Pescarolo - Graham Hill s'impose face aux Porsche et Alfa Romeo sous les yeux du Président Pompidou.

La course sera plus difficile en 1973 contre des Ferrari très en verve. La bagarre sera totale. Matra maîtrise et termine premier et troisième. Pescarolo empoche une deuxième victoire, accompagné cette fois-ci par Gérard Larrousse. Un équipage qui remettra le couvert l'année suivante, sans quitter la tête de la course. Au final, Matra au Mans, c'est neuf participations et trois victoires. Une bien belle histoire et le chant légendaire d'un moteur V12.

Henri Pescarolo : “Il n’y a rien de miraculeux, il y a eu beaucoup de travail, beaucoup d'ambition et beaucoup d'audace”.