Le dictionnaire amoureux de la Moselle : TRAJECTOIRE

Sur le papier, l’idée d’associer un artiste à un club sportif est excellente.

Les liens entre culture et sport sont généralement trop distendus, et placent (selon moi) la chose culturelle en porte-à-faux à l’heure ou le spectacle sportif damne sévèrement le pion au spectacle vivant en termes d’intensité, de ferveur, de capacité à créer des équinoxes.

Contre exemples : le club du Red Star, qui essaie depuis des années de sensibiliser ses champions à crampons à la chose culturelle ; et les spectacles de théâtre qui se multiplient sur le thème de la pratique sportive, avec succès (Cent mètres papillon, Le syndrome du banc de touche, Les Forçats de la route, à la comédie française), parfois même joués par des sportifs à la retraite (Martin Fourcade).

La résidence de l’artiste Paolo Del Vecchio au sein du FC Metz aurait ainsi pu être un réel succès. L’artiste mêle art et football en s’emparant des talismans sportifs, au premier rang desquels le maillot, pour les repenser avec sa sensibilité.

Je trouve particulièrement pertinente l’idée du maillot d’avant-match contre Monaco, personnalisé pour chaque joueur et qui mettait en lumière la trajectoire de chacun, au sens propre : un itinéraire stylisé, imprimé sur le jersey, illustrait le trajet personnel et intime de chaque joueur. Un motif unique pour raconter l’histoire d’une migration, d’une frontière, d’un accomplissement géographique autant que sportif ; une nouvelle manière d’afficher ses couleurs, de jouer avec le cœur. L’œuvre est louable, belle, facilement appréhendable, animée.

Problème : le sport, comme la culture, indexe sa prégnance sur l’émotion.

Lors du match contre Monaco, on a vu certains supporters grenat quitter Saint Symphorien dès le premier quart d’heure de jeu. Du jamais vu. Le club à la croix de Lorraine touche le fond.