Le dictionnaire amoureux de la Moselle : MAISON DU DOUANIER DE VIONVILLE
Chaque matin, Nicolas Turon rend hommage à son département avec un texte drôle, tendre et complice, en forme de déclaration d’amour à la Moselle. Il choisit un emblème appartenant à l’histoire ou à l’actualité et le traite de manière décalée.
Sur le plateau qui surplombe le Val de Metz, on a parqué le souvenir dans des enclos de fer forgé. Chaque kilomètre ou presque, un monument rend hommage aux disparus de la guerre de 1870, l’avant-première, celle de l’Annexion. Le soleil se lève plus tôt sur cette campagne chahutée que dans la vallée, et caresse la pierre de Jaumont, dans laquelle on a gravé la liste des noms des soldats morts au champs d’horreur. En grimpant sur la colline, vous trouverez ce borne à borne commémoratif, donc, et puis Gravelotte, Rezonville et, enfin, Vionville.
Vionville est un coin de Moselle, au sens figuré comme au sens propre : les limites de son cadastre forment en effet un angle droit là où son terrain devient la Meurthe-et-Moselle. De l’autre côté de la frontière : Mars-la-Tour, Tronville, Puxieux. La séparation entre les départements est aussi la limite symbolique entre le concordat et la France de l’intérieur, entre l’Allemagne, de 70 à 18, puis en 40, et la France.
À l’entrée de Vionville, une maison singulière incarne étrangement cette démarcation : une bicoque éventrée. La masure a les tripes à l’air, littéralement. Son séant exhibe une arlequinade de papier peint vieillot, motifs à fleurs, un insert de cheminée, le conduit jusqu’au toit. Le temps comme suspendu, les intimités exposées. Une fenêtre, cinoque, donne sur l’extérieur alors que le mur est effondré trente centimètres à côté.
Ceux de Tronville l’appellent « la maison du douanier »...
Épisodes
Tous les épisodes
Les plus écoutés de France Bleu Lorraine Nord