Le dictionnaire amoureux de la Moselle : CHENILLE

Les années 90 ont marqué le tournant vertigineux qui a propulsé le football dans le star-système. Jusqu’ici, les stars mondiales du ballon rond étaient des exceptions (Pelé, Fontaine) ; elles déboulent alors en masse, portées par le marketing et la télévision : Ronaldo, Baggio, Cafu, Bergkamp, Papin... C’est aussi l’époque des premiers montants de transferts astronomiques : l’Inter de Milan lâche 28 millions pour Ronaldo en 97.

Et dans la panoplie de la vedette du ballon rond surgit la célébration. Jusqu’ici, on fêtait un but de manière spontanée, en allant chercher la balle au fond des filets, en enlaçant ses coéquipiers ou en foutant un coup de savate rageur dans le montant du but. Je me souviens de Georges Best, sans conteste mon joueur préféré de tous les temps, qui se contentait de lever le poing en baissant la tête, on aurait dit qu’il n’était pas si content.

Mais, peu à peu, la célébration d’un but devient une sémiotique à part entière : on berce un bébé imaginaire si l’on est à la fois buteur et jeune papa, on relève son col de maillot pour asseoir un peu plus son charisme lorsqu’on est Cantona, on imite même un chien qui pisse sur le poteau de coup de pied de coin, comme Finidi George…

Une seule célébration était collective, aussi humble qu’étrange : la chenille du FC Metz !...