Le dictionnaire amoureux de la Moselle : BITCHERLAND
Chaque matin, Nicolas Turon rend hommage à son département avec un texte drôle, tendre et complice, en forme de déclaration d’amour à la Moselle. Il choisit un emblème appartenant à l’histoire ou à l’actualité et le traite de manière décalée.
« Dans le Bitcherland, on n’est pas vraiment mosellan, pas vraiment alsacien, pas vraiment allemand, plutôt tout ça à la fois », me confie Luc, habitant de Achen.
Je confirme : le Bitcherland est une île. Une Bîletcherland. En arrivant de Metz, on la rejoint en empruntant le détroit de Sarreguemines, et l’on découvre une terre boisée, luxuriante, aux couleurs franches de chocolat, de chlorophylle et de betterave, riche d’un savoir-faire artisanal ancestral. On découvre une terre cicatricielle, résiliente, qui servit longtemps de variable d’ajustement aux conquêtes territoriales françaises et allemandes. On découvre une citadelle. On rencontre terre de légendes, de récits mystérieux tapis dans les bois et dans les ruines des châteaux, qui n’ont pas tous été bâtis par Maginot. On y rencontre un peuple au caractère insulaire, parfois à la limite de l’ostracisme, contagion du caractère alsacien oblige, mais travailleur, fier de sa terre, et généreux en partage. On parcourt des routes forestières, celles du cristal et du feu, des éléments primaires pour une essentialité. Le genre de terre où l’on sait où l’on est et on sait d’où l’on vient.
Le Bitcherland est une identité en soi, la Moselle sans sa perfusion luxembourgeoise, l’Alsace sans ses richesses et son protestantisme.
Si on considère le dessin formé par les frontières du département de la Moselle comme une tête de bonhomme vue de profil, le Bitcherland est son gros nez congestionné. Par de la bière blanche, de la Pils au bon goût malté, probablement...