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La Provence insolite : Le valet de Mirabeau

À retrouver dans l'émission
Jean-Pierre Cassely
Du lundi au vendredi à 6h54 et 14h15
- Mis à jour le
Par

Un homme de l'ombre...

Mirabeau
Mirabeau

Le valet de Mirabeau, Legrain

Le dicton dit : « il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre ». Il serait plus vrai de dire objectait le comte de Mirabeau « il n’y pas de valet de chambre pour un grand homme ». Ce qui était assez ingrat et méchant car Mirabeau fut très bien servi par son valet, Legrain, qui nous a laissé ses souvenirs. Les mauvaises langues de la noblesse ajoutèrent : « des souvenirs tracés de sa main malhabile »

Il était né dans l’Aisne en 1752 et commença à servir à 14 ans chez un abbé de Vauclair qui avait déjà 40 domestiques… Voyant qu’il plaisait, surtout aux dames, il fila à Paris où il chercha à se faire engager. D’avoir entendu 100 fois « plat comme un bas valet » expression méprisante s’il en fut, Legrain aimait servir mais n’était pas servile. Par ailleurs il adorait la bonne chère. Il ne mettait de l’eau dans son vin que s’il était mauvais. « Quand on boit et quand on mange comme ses maitres on ne peut pas se plaindre ». Il disait aussi « Bien boire, bien manger, bien travailler ne fait pas de tort à son maître, aussi je fais tout cela ».

En avril 1781, Mirabeau est libéré du donjon de Vincennes et cherche un domestique. Il prit Legrain et lui offrit 200 livres de gage, la nourriture, la boisson, la livrée et sa garde-robe. Sa garde-robe cela voulait dire ce qu’il ne pouvait plus porter. Car le marquis ne possédait que 2 ou 3 habits avec culotte, peu de bas et de souliers et seulement 13 chemises. Ce qu’il ne portait plus n’était guère mettable tant il en usait étant gros, remuant et négligé…

Panier percé, Mirabeau avait prévenu son valet le premier jour : « ton maître est un bourreau d’argent et il n’en a guère. Donc si tu as un peu d’argent et que je t’en demande, répond moi que tu n’en as pas ».

Legrain restera au service de Mirabeau même s’il n’en tire que peu de profit financier. Ils se brouillent souvent mais leurs querelles durent peu. Ils ont en commun d’aimer la vie forte, la fête et les femmes. Car quand le marquis séduisait des marquises, Legrain séduisait des servantes telle cette cuisinière d’un avocat ami de son maître. Voici comment Legrain la décrit : « 17 ans, jolie figure, jolie gorge ». Il s’éclipse et la suit ventre à terre (c’est une expression).

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