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Le brochet, un poisson assez protégé ?

À retrouver dans l'émission

Le brochet est il assez protégé dans nos rivières, c'est la question d'un pêcheur à notre spécialiste Bruno Garcia

Le brochet, un poisson indicateur de la bonne santé de la qualité des eaux
Le brochet, un poisson indicateur de la bonne santé de la qualité des eaux © Getty - getty

Bruno Garcia de la fédération de pêche de Charente-Maritime répond aux questions des auditeurs sur France Bleu la Rochelle, aujourd'hui Un auditeur qui a souhaité rester anonyme reproche à la Fédération de ne pas mettre en place suffisamment de mesures pour protéger le brochet et vous demande Bruno des explications sur cette indifférence. 

Bruno Garcia : Il y a les questions « sourire » et les questions « grognon ». Là visiblement on est pas dans l’esprit sourire. Je trouve toujours un peu dommage de ne pas se faire connaître. En dépit de points de vue qui peuvent être opposés on est capable d’échanger sans se crêper le chignon. Le brochet est un vaste problème. Tout simplement parce que c’est une espèce très exigeante pour sa biologie d’une manière générale mais surtout pour sa reproduction. En toute honnêteté je ne vois pas ce que l’on peut faire de plus pour cette espèce pour laquelle nous sommes très attentifs.

Si j’ai bonne mémoire, il y a déjà des mesures de protection pour le brochet ?

Les pêcheurs font déjà des efforts énormes pour ce poisson. La réglementation s’est énormément durcie depuis longtemps maintenant. Déjà la taille réglementaire, un brochet de moins de 60 cm ne peut être conservé.

Pourquoi cette taille réglementaire ?

Un mâle est mature sexuellement à partir de 40 cm mais ce n’est pas le cas pour la femelle il faudra attendre un peu plus longtemps et il est considéré scientifiquement qu’à 60 cm une femelle s’est reproduite au moins une fois. Ensuite et depuis 2017 il existe un quota sur cette espèce : pas plus de 2 brochets par jour et par pêcheur. Il ne faut pas, non plus, oublier tous ces secteurs où il y a une obligation de les relâcher.

C’est vrai que l’on constate une attention particulière pour ce poisson !  La question que l’on est en droit de se poser : pourquoi lui plutôt qu’un autre ?

Le brochet est une espèce repère ce qui signifie que la présence du brochet est indicatrice d’un milieu en bonne santé et je le répète il est en grande difficulté. Sa zone de reproduction doit regrouper de nombreux critères, une eau dont la température doit se situer entre 7 et 10 degrés, la submersion d’une zone herbacée comme une prairie pendant 40 à 45 jours pour que les alevins soient autonomes. Aujourd’hui compte-tenu de la culture des zones humides ces exigences sont rarement regroupées. 

Et ces mesures de protection ne suffisent pas à dynamiser l’espèce ?

Je n’avais pas terminé le tour de tout ce qui est aujourd’hui mis en place pour conserver l’espèce. Une pisciculture Fédérale destinée prioritairement à l’élevage du brochet, une dizaine de frayères artificielles ont été également créées sur le département. Des secteurs où nous avons implanté des ouvrages pour retenir l’eau plus longtemps et permettre l’aboutissement de la fraie. Et de manière expérimentale nous avons imposé sur l’intégralité du fleuve Charente une taille réglementaire différente. Tous les brochets au-delà de 80 cm doivent être relâchés.

Une raison biologique je suppose ?

Une étude scientifique démontre que les géniteurs au-delà de 80 cm peuvent adapter temporellement et géographiquement leur reproduction en fonction des conditions et assurent une descendance plus robuste avec une croissance plus rapide. Ce qui est un énorme avantage quand on sait qu’il est difficile pour eux de réunir à un moment précis tous les éléments favorables à leur reproduction.

En résumé protégeons plutôt les anciens que les jeunes

Et ça m arrange !

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