Aude Humbert, membre de Normandie Energies - Les journées "hydrogène dans les territoires"

C'est un secteur qui a le vent en poupe en Normandie : l'hydrogène. Les journées "hydrogène dans les territoires" se tiennent jusqu'à jeudi au parc des expositions de Rouen. La Normandie veut devenir la région française à la pointe dans ce secteur. Pour nous en parler, Aude Humbert, membre de Normandie Energies et de la délégation normande de France Hydrogène, était l'invité de la Nouvelle Éco ce mardi matin.

En quelques mots, c'est quoi l'hydrogène ? 

L'hydrogène, c'est une petite molécule, la plus petite qui existe, et qui permet de faire plein de choses, notamment qui est utilisée dans l'industrie chimique, mais qui peut aussi être utilisée dans des véhicules pour se déplacer. 

Elle permet de fabriquer de l'électricité ? 

Ça peut permettre de faire de l'électricité. Quand on parle de véhicule hydrogène, on parle bien de véhicule électrique. Simplement, le moteur électrique est alimenté via une pile à combustible, qui elle-même utilise de l'hydrogène.

Dans quels domaines l'hydrogène est-elle utilisée ?

Par exemple, pour faire des engrais ou pour raffiner les essences. Les transports en commun aussi utilisent l'hydrogène. Tout type de véhicule qui peut fonctionner avec un moteur électrique peut fonctionner également avec de l'hydrogène. Aujourd'hui, on a déjà plusieurs bus qui fonctionnent à l'hydrogène et qui roulent en France. 

Cette énergie est selon vous l'énergie du futur ?

C'est l'une des énergies du futur. Il y a toujours plusieurs solutions, mais l'hydrogène en fait effectivement partie. Elle permet d'apporter de la souplesse à tout le système énergétique dans lequel on évolue actuellement.

Pourtant, ce n'est pas une énergie très écologique. Plus de 95 % de l'hydrogène utilisé actuellement provient d'hydrocarbures fossiles, des coupes pétrolières, du charbon, du gaz naturel. Il y a un gros travail qui est effectué actuellement pour verdire l'hydrogène ?

Tout à fait. Aujourd'hui, la plupart de l'hydrogène qui est produit est dit "de l'hydrogène gris", et il y a en moyenne dix tonnes de CO2 émises pour chaque tonne d'hydrogène produite. Donc effectivement, il y a une grande tendance pour développer d'autres méthodes pour produire de l'hydrogène, par exemple l'électrolyse qui permet de produire de l'hydrogène non plus à partir de coupes carbonées, mais à partir d'eau. Donc là, on a bien de l'hydrogène qui sort, mais également de l'oxygène et pas du CO2. 

Justement, comment fait on pour passer de l'un à l'autre ? Comment fait on pour fabriquer de l'hydrogène à partir de pétrole et pour fabriquer de l'hydrogène à partir d'eau ? 

Alors à partir du pétrole ou de gaz naturel, on utilise de la vapeur, notamment pour casser des chaînes carbonées. Donc on sépare le C du "H" de l'hydrogène, le carbone de l'hydrogène. Dans l'électrolyse, on utilise de l'électricité qu'on fait passer à travers une molécule d'eau, et vient séparer l'hydrogène de l'oxygène. Ce qui va se passer dans une pile à combustible, ensuite dans un véhicule, c'est l'opération inverse, c'est que l'hydrogène est recombinée à l'oxygène qui est dans l'air ambiant, et ça va faire de l'électricité et de l'eau.  

Est ce que ça veut dire qu'on pourra utiliser de l'hydrogène pour se chauffer chez soi ? Est-ce que ça peut remplacer à terme le pétrole ou le gaz ? 

À terme éventuellement. Mais on est sur une plus longue période.  

On pourra faire le plein de sa voiture à l'hydrogène par exemple ?

C'est d'ailleurs déjà possible en Normandie puisqu'il y a un réseau de stations, qui ont été déployées dans quelques villes du territoire, pour pouvoir faire son plein hydrogène. Aujourd'hui il n'y a pas beaucoup de véhicules, mais il commence quand même à y en avoir.