Jean-Marc Emprin - Rédacteur en chef de Terre Dauphinoise au sujet des circuits alimentaires du milieu!!
Vous abordez les circuits alimentaires ce matin
Nous vivons une époque formidable , car la relocalisation des productions agricoles et alimentaires est en marche.
Ce n’est pas que du marketing, habillant de nouvelles vertus
des démarches purement commerciales de marques bien assises
qui, parce qu’elle dessinent une vache dans un pré sur leur packaging suggèrent que le lait vient de la ferme d’à côté.
Longtemps la territorialisation de l’alimentation
a été l’apanage des signes de qualité,
les AOC ou AOP
qui ancraient des fromages ou des vins à un territoire donné.
Puis au début des années 2000, on a vu l’explosion de la vente des produits bio ou le développement fulgurant
des circuits courts et de la vente directe.
Désormais on assiste à l’apparition d’un nouveau concept,
le Syam, le système alimentaire du milieu,
une organisation de l’approvisionnement qui s’insère entre circuit long et circuit court,
entre provenance mondiale des aliments de base et totale proximité.
Et qui est à l’origine de ce mouvement ?
Le consommateur pardi,
mais il n’en est pas tout à fait conscient.
Car sa soif de connaître l’origine des produits, ses exigences en matière de sécurité sanitaire ou de bien-être animal,
le mouvement de fond actuel anti-gaspillage,
tout cela rejoint la volonté des producteurs de retrouver une valeur ajoutée à leurs productions, donc de mieux maîtriser la chaine de commercialisation.
Et cela tombe bien, parce que les élus politiques
parce qu’ils entendent la voix de leurs mandants,
sont prêts à les soutenir.
La marque Ishere d’un côté avec le pôle agro-alimentaire isérois,
et la région du Goût, la marque de la région Aura,
sont là pour accompagner et servir de levier via la restauration des enfants, lycéens ou autre restauration collective.
Les choses se mettent donc en place…
En Isère, les éleveurs de saveurs iséroises entament leur cinquième année de fonctionnement.
Cette association d’éleveurs a été créée à la suite d’une demande de bouchers haut de gamme qui voulaient s’approvisionner localement.
De 14 bêtes au début, les éleveurs ont fourni 200 bêtes en 2019
avec des animaux nés, élevés, abattus et transformés en Isère,
le tout en gagnant de l’argent
alors qu’ils ne sont même pas en circuits courts.
Dans l’Ain, une démarche similaire s’inspirant à la fois des isérois
et de la marque « C’est qui le patron ? » vient de démarrer.
Les grandes surfaces commencent à s’intéresser au phénomène
car elles sentent leur modèle centralisateur remis en cause
à la fois par les consommateurs qui se sentent manipulés par le marketing et par les producteurs qui s’estiment broyés par ce système impitoyable. Mais là où il y a encore des progrès à faire
c’est dans l’approvisionnement de la restauration collective. Certains cuisiniers sont volontaires et donc porteurs.
D’autres doivent passer par une phase d’essai et être convaincus que les circuits moins longs ne sont pas plus compliqués et que surtout, ils sont plus rentables parce que la matière première, de meilleure qualité, est moins gaspillée. La marche est presque franchie.