Pierre Allorant, doyen de la faculté de droit d'Orléans : qu'attendre des législatives de 2022 dans le Loiret?

Quelles perspectives pour 2022 ? C'est la question que nous posons cette semaine à nos invités sur France Bleu Orléans. Ce mardi, nous nous concentrons sur la politique. Car 2022 sera marquée par la présidentielle en avril, puis les élections législatives en juin. Pierre Allorant, doyen de la faculté de droit de l'université d'Orléans détaillait comment il voit les prochaines élections. 

Est-ce que forcément, le résultat des législatives sera intimement lié à ce qui va se passer à la présidentielle ?

Généralement, c'est ce qu'on dit. Il y a une certaine logique, mais là, il y a un doute. Beaucoup d'analystes ou d'observateurs se disent même en cas de réélection du président Macron, il n'y aura pas forcément un raz de marée derrière. Et il pourrait y avoir non pas une forme de cohabitation, mais un peu à l'allemande, une sorte de coalition. Et c'est peut-être le pari que fait un ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. On le dit très proche d'Emmanuel Macron, il serait peut-être même prêt à le soutenir, mais avec pour gage la nomination d'un premier ministre de droite et d'une coalition. On n'en est pas encore là, bien sûr. Donc, il n'est pas du tout assuré qu'il y ait une majorité absolue comme on en a connu effectivement en 2017.

Ça veut dire quoi ? On a trois circonscriptions sur six dans le Loiret, soutenues par la majorité présidentielle. Il pourrait y avoir un recul de la majorité présidentielle ?

C'est tout à fait possible. C'est vrai que le Loiret est un bastion de la droite modérée. Dans l'est du Loiret l'extrême droite est souvent très haute, mais n'arrive jamais à gagner. Donc la droite pour les circonscriptions du Giennois, du Montargois n'a pas beaucoup d'inquiétudes à se faire. En revanche, là où ça va être vraiment passionnant, ce sont les trois circonscriptions de la métropole orléanaise. Aujourd'hui, elles sont tenues par la République en marche pour deux d'entre elles. Stéphanie Rist et Caroline Janvier [qui n'ont pas encore officiellement dit qu'elles seraient candidates, ndlr], et par Richard Ramos pour le MoDem sur la sixième circonscription. Honnêtement, les trois sortants ont quand même des soucis à se faire. La situation est très plus compliquée pour Caroline Janvier. La deuxième circonscription est traditionnellement un bastion de droite. C'était celle de Serge Grouard, auparavant d'Éric Doligé. Le plus probable, c'est que Caroline Janvier soit très menacée par le candidat de droite qui sera François Lagarde. 

Dans la sixième circonscription, est-ce que Richard Ramos peut, s'il est candidat lui aussi, perdre tout simplement ?

La sixième circonscription, ce sera la plus intéressante des trois. D'abord, parce qu'elle est la plus récente donc, il n'y a pas tellement d'histoire pour analyser les comportements électoraux. Elle est très étendue : elle commence au cœur d'Orléans, et puis ensuite Saint-Jean-de-Braye, Chécy, dans la métropole, qui sont des bastions de gauche. Et puis ensuite, elle devient rurale et plutôt à droite. Ça sera sûrement très serré. On se rappelle que Valérie Corre, pour le Parti socialiste, l'a tenu auparavant entre 2012 et 2017. Cependant, ce sera très dur pour la gauche parce que si la présidentielle se passe mal, c'est difficile toujours de rebondir aux législatives. Et puis, la droite ou le centre droit peut nourrir également des espoirs de reconquête, en particulier avec Chrystel de Filippi, adjointe au maire d'Orléans et candidat LR d'Orléans.