Crise de l'immobilier : "La machine est grippée", déplore le président du fichier Amepi

"Le mot crise est légitime", assure Cédric Lavaud, président du fichier Amepi, invité de France Bleu Lorraine mercredi 20 septembre. Le Mosellan organise la cinquième édition des Assises de l'immobilier, qui rassemble de nombreux professionnels du secteur à l'Arsenal de Metz, mercredi et jeudi. "Mais ce n'est pas une crise de l'immobilier, plutôt une crise du logement. Notre difficulté, c'est de loger des clients qui sont en demande."

Le point de déclenchement de cette crise reste le même : la hausse des taux d'intérêt des crédits immobiliers. "Elle continue mais se stabilise un peu", explique-t-il. "Mais par exemple, si vous empruntiez en juin dernier pour rembourser 1.450 euros par mois, alors vous deviez emprunter 320.000 euros. Un an plus tard, pour rembourser la même mensualité, vous empruntez avec 240.000 euros. Il y a une baisse de 25% de la somme que vous pouvez emprunter à mensualité égale, donc la clé de dérive vient de là."

"Ça a été le point de bascule parce que le client acquéreur ne peut pas avoir une baisse de sa prétention de 25%" détaille Cédric Lavaud. "Et de l'autre côté, qu'est-ce qui justifie qu'en un an, le bien du vendeur ait perdu 25% ? Il y a un déséquilibre entre l'offre et la demande, l'un et l'autre ne se comprennent pas. Donc les ventes ne se réalisent pas, et quand on est dans son logement on ne bouge pas. Il y a une situation de blocage, la machine est grippée."

40 logements pour 1.000 clients

Par "effet de dominos", le marché de la location est aussi touché par cette crise. "En ce moment, vous êtes en incapacité d'acheter un logement donc vous reportez le projet et vous restez là où vous êtes. Vous ne faites plus circuler cette rotation de logement, on est là aussi dans une forme d'immobilisme", continue le président du fichier Amepi. Sur 150 logements à louer dans son agence de Metz, il assure n'en avoir que 40 de disponibles, "pour une demande cumulée de plus de 1.000 clients désireux de faire une visite".

"Les agents immobiliers et les promoteurs hurlent depuis plus d'une dizaine d'années que ce phénomène va arriver, on l'avait anticipé", regrette Cédric Lavaud. Depuis le début de l'année, une partie des logements classés G sur le diagnostic de performance énergétique ne peuvent plus être loués, car considérés comme des passoires thermiques. D'autres interdictions sont prévues. Le président du fichier Amepi veut lancer un appel aux politiques : "Il faut revoir ce calendrier", dit-il. "Les logements E, F et G représentent 80% du parc locatif français, c'est une question de bon sens."