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"Des obésités de plus en plus sévères et précoces" en Bourgogne-Franche-Comté

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500.000 personnes sont concernées par l'obésité en Bourgogne-Franche-Comté. Un enjeu majeur de santé publique, que la recherche scientifique tente d'endiguer. En attendant, la maladie progresse. Entretien avec Cyril Gauthier, créateur de l'Espace médical nutrition et obésité, l'EMNO, à Dijon.

L'obésité concerne près d'une personne sur cinq en Bourgogne-Franche-Comté
L'obésité concerne près d'une personne sur cinq en Bourgogne-Franche-Comté © Maxppp - Richard Villalon

France Bleu Bourgogne. Officiellement, il y a 18% d'obèses en Bourgogne-Franche-Comté. C'est plus que la moyenne nationale. En tant que médecin-nutritionniste, vous savez si ce chiffre s'aggrave ?

Le nombre de malades progresse. Ce qui est problématique, c'est que les patients sont de plus en plus jeunes, avec des obésités de plus en plus sévères et tôt dans la vie, ce qu'on ne voyait pas il y a dix ou quinze ans.

C'est à dire que ça touche les enfants, les préados, les adolescents.

On est sur une maladie avec une forme de prédisposition génétique, qui fait que dans la société actuelle où on est dans un environnement avec une alimentation quand même assez transformée, assez dense en énergie et une sédentarité qui est quand même assez présente. Et donc cette prédisposition génétique s'exprime de plus en plus tôt dans la vie de nos patients. Il faut s'en préoccuper. C'est une pathologie chronique, complexe, souvent stigmatisée et mal connue. Les patients qui en souffrent savent qu'ils ont une problématique de santé. L'obésité, ça se voit, ça se ressent. Mais ils sont souvent en errance en termes d'approche et de prise en charge.

L'espace médical Nutrition et obésité que vous avez créé à Dijon regroupe toutes les facettes de cette maladie, parce qu'il faut agir sur tous les plans ?

C'est ça. L'obésité est une problématique très complexe avec une une approche qui doit être nutritionnelle, comportementale et psychologique tout en tout en mettant l'accent sur l'activité physique, sans parler d'activité forcément sportive. Et les menus, l'espace, la nutrition, l'obésité porte ce qu'on appelle une expérimentation 51. C'est ce qui permet, avec le ministère, la RSE et l'assurance maladie d'innover dans les parcours de soins et d'intégrer finalement toutes ces approches au sein d'une même unité de lieu.

Quels sont les facteurs les plus fréquents de l'obésité?

Ils sont nombreux. Vous avez une problématique génétique. On est conçu pour résister à la famine et on est plus ou moins prédisposé à cette pathologie, à stocker l'énergie facilement. On a une problématique comportementale émotionnelle parce que l'alimentation, comme tout, comme certaines drogues, peut permettre de gérer des émotions. On a des problématiques de troubles du comportement alimentaire beaucoup plus sévères, un peu comme on le voit dans l'anorexie / boulimie. On a une problématique de sédentarité croissante dans notre société. On a des problématiques de résistance, d'alimentation dense, ultra-transformée. C'est tout ce cortège, finalement de prédispositions et de problématiques qui nous amènent à souffrir d'obésité avec le temps.

L'activité physique, elle est vraiment indispensable ?

Elle est primordiale parce qu'elle joue sur la dépense énergétique. On sait que c'est logique, mais elle va aussi permettre de maintenir une masse musculaire et un métabolisme satisfaisant. Par contre, l'activité physique, chez quelqu'un qui souffre d'obésité, il ne faut pas croire que c'est du footing. Quelqu'un qui fait 150 kilos et qui qui marche, c'est déjà une activité physique énorme parce que c'est comme si on nous mettait des sacs de 70 kilos sur le dos. Donc il ne faut pas non plus les pousser à faire une activité sportive trop intense. Par contre, reconditionner l'organisme pour avoir une dépense énergétique régulière et surtout lutter contre la sédentarité, c'est ce qui permet d'améliorer la santé.

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