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Enseignant tué à Arras : il faut plus de sécurité à l'école mais pas n'importe comment, selon un prof sarthois

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Hommage et émotion. Une minute de silence a été observée dans les écoles sarthoises en hommage à Dominique Bernard, ce professeur de français tué vendredi par un terroriste dans la cours de son lycée à Arras. Un acte odieux qui pose aussi la question de la sécurité dans les collèges et lycées.

Minute de silence observée dans un collège à la mémoire de Dominique Bernard, ce professeur tué vendredi dans un lycée à Arras (Image d'Illsutration)
Minute de silence observée dans un collège à la mémoire de Dominique Bernard, ce professeur tué vendredi dans un lycée à Arras (Image d'Illsutration) © Maxppp - Darek SZUSTER

Jeoffrey-Gaylord Remaud est professeur d'histoire géo au collège Simone Veil à Sablé- sur-Sarthe et co-secrétaire départemental du SNES, le syndicat national des enseignants du second degré. Invité de France Bleu Maine ce mardi matin, il réclame plus de sécurité dans les établissements mais pas n'importe comment.

France Bleu Maine : Vous avez retrouvé vos élèves lundi matin, que vous ont-ils dit ?

Jeoffrey-Gaylord Remaud :  D'abord, il y a eu des questions sur ce qui s'était passé et il a fallu reprendre certaines informations parce que nos élèves utilisent beaucoup les réseaux sociaux et ont vu certaines vidéos. Donc d'abord, il a fallu expliquer ce qui s'était passé.

Quels types de vidéos ?

Malheureusement, très clairement, on a des élèves qui ont été exposés à des vidéos sur les événements de vendredi [vidéos du terroriste entrant dans le lycée et poignardant plusieurs personnes dont Dominique Bernard]. On sait que sur certains réseaux sociaux, très utilisés par les ados, ces vidéos circulent facilement.

Donc il a fallu expliquer ce qui s'était passé. Ça a été le premier travail avec les élèves ?

Oui, et puis aussi beaucoup rassuré. Je distingue vraiment les plus petits et les plus grands. Il y a eu des questions comme : "est-ce que est en sécurité ? Qu'est-ce qui est mis en place [pour nous protéger] etc... Il a fallu aussi prendre le temps d'expliquer pourquoi il est nécessaire de se retrouver tous ensemble et d'expliquer aussi ce que c'est une minute de silence. Nous, adultes, nous avons malheureusement l'habitude de ce genre de cérémonie. Mais pour les élèves, ça ne fait pas forcément d'emblée sens

Est ce que certains élèves ont refusé de s'associer à cette minute de silence ?

Dans mon établissement, on n'a pas eu de retour qui allait en ce sens. D'après ce que je sais, dans la plupart des établissements, çà s'est bien passé. Je pense qu'il faut distinguer, Les élèves ont bien conscience que c'est un enseignant et du personnel du lycée qui ont été visés. Je pense à nos collègues agents qui se sont exposés pour protéger en fait la communauté éducative, pour protéger les élèves. Et là, c'est quand même quelque chose qui est à la fois absolument saisissant, impressionnant, mais plus simple à comprendre.

On a parlé des élèves. Comment se portent les professeurs ? Comment font ils face à cette situation?

Déjà, je serais tenté de dire que le terrain n'était pas très très favorable puisque les enseignants français, en ce moment, ne vont pas bien. La situation de notre système scolaire n'est pas au beau fixe. Mais pour dire les choses simplement, en essayant de rester le plus neutre possible, bien évidemment, il y a eu un grand moment d'émotion. Vous savez, quand on s'est retrouvé, le silence est venu de lui même. Ça a été long. Il nous a fallu un certain temps pour commencer à échanger parce qu'il y avait vraiment beaucoup de tristesse. Il y a aussi une part de colère  parce que, évidemment, on peut toujours imaginer plein de choses, plein de dispositifs mais tout de même, on ne peut pas s'empêcher de se dire qu'il faudrait plus d'humains dans les établissements. Je pense à nos collègues assistants d'éducation qui sont en première ligne. Je pense aux psychologues de l'Education nationale. Et puis la nécessité de se retrouver en communauté, d'être ensemble pour faire face. Très vite, on s'est mis à réfléchir à l'accueil de nos élèves, à l'idée de les protéger, de ce qu'il allait falloir faire afin de préparer tout ça.

vous avez évoqué la question de la sécurité dans les collèges et les lycées. est ce qu'elle doit être renforcée et si oui, comment?

Manifestement, il y a lieu de renforcer cette sécurité. Evidemment, on a besoin de se sentir en sécurité parce qu'on ne peut pas transmettre et apprendre, si on n'est pas dans de bonnes conditions.

Mais est-ce que cela passe par l'installation de portiques ? Ou d'autres aménagements ?

C'est une question qu'on se pose. L'école, elle est bâtie aussi sur la confiance, la confiance en la parole du maître, la confiance en l'élève. Il y a déjà des dispositifs de sécurité mis en place : on va contrôler les sacs contre les identités. Ça me paraît être une bonne étape, même si c'est lourd à mettre en place. Ceci dit, ce n'est pas le cœur de métier des personnels de l'Education nationale. Et puis je ne pense pas qu'il y ait le souhait de tomber dans une école un peu à l'américaine, une forme de "bunkerisation". Je pense que si l'école subit ce genre d'événement, c'est d'abord parce que la société en ce moment est violente. Il y a beaucoup de tensions. Les Français sont fatigués, il y a le Proche-Orient et je pense que tout ça est importé dans l'école. On aimerait que cela n'arrive pas, malheureusement, c'est un fait, C'est une réalité. Alors, jusqu'où faut-il aller dans la sécurité ?  Il y a des expérimentations qui sont faites. On a ce type de portiques qu'on peut voir d'ailleurs à l'entrée de certaines entreprises plus ou moins sécurisées. Mais vous savez, pour un enfant de 6ème, déjà quand on lui demande d'ouvrir son sac, c'est déjà quelque chose de particulier.

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