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Produits bio en Sarthe : avec l'inflation, l'écart de prix se réduit entre les produits bio et les autres

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Les ventes de produits biologiques repartent à la hausse en 2024 après deux années difficiles. Le Fenouil Biocoop qui possède six magasins en Sarthe a vu son chiffre d'affaire chuter de 8 % en 2022 mais la directrice de la coopérative est optimiste pour l'avenir

La vente de produits bio repart à la hausse après deux années difficiles selon la directrice du Fenouil Biocoop (illustration)
La vente de produits bio repart à la hausse après deux années difficiles selon la directrice du Fenouil Biocoop (illustration) © Radio France - Lucie Thuillet

Moins 8 % de chiffre d'affaire en 2022. Comme l'ensemble de la filière biologique, Le Fenouil Biocoop a du courber l'échine ces derniers mois. L'inflation a fait chuter les ventes de produits bio, plus chers à fabriquer et donc plus chers à l'achat. Et pourtant, la hausse des prix a été moins marquée dans le bio que dans le reste du secteur de l'alimentation explique Frédérique Carlier, directrice de Biocoop Le Fenouil qui possède six magasins en Sarthe, emploie 85 salariés et compte 29 000 clients coopérateurs. Du coup, manger bio ne coute pas forcément plus cher selon elle.

France Bleu Maine : Expliquez nous pourquoi le bio a connu ces derniers mois une période difficile?

Frédérique Carlier : Ça a été une période effectivement très compliquée pour le marché. Je pense que la crise est multifactorielle. Elle vient avant tout des problématiques de prix, d'inflation, des problématiques de pouvoir d'achat. On est en sortie d'une inflation grandissante. Donc c'est vrai que le bio n'a pas été la priorité des Français. Elle est aussi, je pense, lié une confusion sur tous les labels où finalement on ne sait plus très bien. Entre bio, HVE, zéro résidus de pesticides, le consommateur est un peu perdu. On a eu une crise peut être un peu aussi conjoncturelle, avec une embellie énorme pendant le COVID. Une redescente assez brutale ensuite et puis finalement deux années un peu un peu compliquées.

Comment ça s'est traduit chez vous, sur vos chiffres?

Ça s'est traduit par une baisse de chiffre d'affaires clairement. On a fait moins 8 % en 2022. L'année dernière, on finit à zéro. Donc effectivement, des ralentissement de chiffre d'affaires avec peut être moins de nouveaux clients alors que les nos clients fidèles sont restés. Ils ont peut-être acheté un peu moins mais ce qui est sûr ce qu'il y a eu moins de nouveaux clients qui ont déserté le marché de la bio, momentanément, on l'espère.

Le Fenouil a choisi de maintenir le cap en conservant sa stratégie de produits bio. Ce qui n'a pas été le cas de certains de vos concurrents qui se sont diversifiés pour renflouer aussi un peu la trésorerie. C'était important de rester droit dans ses bottes?

Clairement, c'est exactement ce qu'on a fait depuis 40 ans. Le modèle est résilient et volontariste. On cherche vraiment à développer une bio de proximité, une bio locale, une bio paysanne. Et c'est exactement la raison pour laquelle la stratégie a été complètement maintenue. Et le fait que les clients ne soient pas perdus, ne nous voient pas changer, fait qu'on a conservé ce volant de clientèle fidèle.

Frédérique Carlier, directrice du Fenouil Biocoop qui emploie 85 personnes en Sarthe dans ses six magasins
Frédérique Carlier, directrice du Fenouil Biocoop qui emploie 85 personnes en Sarthe dans ses six magasins © Radio France - yann lastennet

Le Fenouil emploie 85 personnes en Sarthe dans six magasins. Vous revendiquez 29 000 clients coopérateurs. C'est quoi d'abord, un client coopérateur?

C'est un modèle un peu spécial. On est une coopérative de consommateurs, donc on a pas d'actionnaires, si ce n'est nos 29 000 coopérateurs. Ils prennent une part sociale de 24 € une fois dans leur vie, peuvent se faire rembourser quand ils le souhaitent et ils sont clients, donc un petit peu propriétaire quand même de l'entreprise.

Donc ils ont un pouvoir de décision ?

Ils ont un pouvoir de décision, ils viennent à l'assemblée générale s'ils le veulent. Ils peuvent prendre parti sur les décisions. Ils ont une remise en magasin et ils sont partie prenante de l'entreprise.

Vous travaillez avec une centaine de producteurs locaux. Comment se portent-ils ? Est-ce qu'ils ont eu des difficultés à sortir de la crise sanitaire?

Oui, clairement pour tout le monde. La crise du modèle agricole, elle est là. Elle touche aussi le bio qui a été quand même un peu moins soutenu aussi. Ce sont des producteurs locaux fidèles. On est tout le temps avec eux donc on les a soutenus.

De quelle façon?

Par les volumes avant tout, c'est en achetant. Alors c'est sûr que quand le marché baisse, on achète moins. Mais on a gardé cette fidélité aux producteurs historiques. On a conservé les volumes, on les a soutenus au quotidien. Et c'est vrai que le fait de les avoir avec nous fait aussi que ce modèle est le plus résilient.

Certains ont-ils mis la clé sous la porte ?

Non. Certains ont eu quelques difficultés on les a soutenus en trésorerie momentanément. Mais nous n'avons pas eu de  conversions en conventionnel pour l'instant.

Vous parliez de l'inflation qui a éloigné une partie de votre clientèle.  L'inflation qui peut être, paradoxalement, votre alliée pour quelle raison?

Parce qu'elle a été beaucoup moins importante dans les magasins bio. A peu près 4 à 4.5 % l'année dernière alors qu'elle a été de 12 % dans les grandes surfaces alimentaires. On a des produits plus locaux, on a des produits sans intrants, donc forcément moins de spéculation aussi, moins d'inflation pure. On a contenu les prix. Au Fenouil, on a encore relancé 100 produits engagés récemment avec une réduction, une compression de marges, on est beaucoup plus accessible. Ce qui fait que notamment sur des rayon fruits et légumes, on a plein de clients en ce moment qui nous disent qu'on est vraiment bien placés.

Donc consommer bio ce n'est pas forcément consommer beaucoup plus cher?

Ça dépend en plus ce que vous achetez. Si vous achetez en vrac en global 30 % moins cher que de l'emballage, si vous achetez des produits bruts, si vous cuisinez un tout petit peu, ce n'est pas plus cher.

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