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"Il faut une éducation au risque sismique" dit Guy Sénéchal, enseignant-chercheur et sismologue à Pau

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Pour Guy Sénéchal, enseignant-chercheur et sismologue à l'université de Pau, le séisme de ce lundi ressenti en Bigorre intervient comme "une piqûre de rappel". "On est dans une région sismogène, c'est à dire une région qui a beaucoup de tremblements de terre" précise-t-il.

En Béarn et en Bigorre, des séismes se produisent très régulièrement.
En Béarn et en Bigorre, des séismes se produisent très régulièrement. © Maxppp

Après le séisme survenu lundi vers 15h28 dans les Hautes-Pyrénées, la question des risques sismiques est posée, alors que l'épicentre était situé vers Aspin. "La magnitude 4 est un petit peu au dessus du lot par rapport à ce qu'on a eu ces dernières années" indique Guy Sénéchal, enseignant-chercheur et sismologue à l'université de Pau. "Mais c'est quelque chose qu'on a déjà observé à de nombreuses reprises dans ce secteur. Donc ce n'est pas une surprise pour les sismologues."

Les séismes sont donc réguliers dans la région, mais pour autant, ils ne sont pas toujours ressenti. Selon Guy Sénéchal, "le ressenti est toujours un peu difficile à définir par rapport à la magnitude. Ça dépend de la distance à laquelle on se trouve, du séisme. Et ça intègre aussi la profondeur. Si vous avez un séisme qui a lieu juste en dessous de votre maison avec une magnitude de 2 ou 2,5, vous pouvez déjà sentir une bonne petite secousse. Et puis après, ça va dépendre aussi, si vous êtes en haut d'un immeuble, si vous êtes vraiment au sol, en train de rouler. Il y a vraiment une multitude de facteurs qui vont rentrer en compte, mais à partir d'une magnitude 4, c'est vrai que sur quelques kilomètres autour de l'épicentre, on a beaucoup de témoignages. C'était fortement senti."

La situation est suivie de près grâce des stations sismologiques installées sur le territoire. "Les archives nous parlent de l'activité sismique de nos Pyrénées, explique Guy Sénéchal. Et avec un peu de recul, on se rend compte qu'on a déjà eu de temps en temps des séismes de magnitude 5. Tout le monde se souvient du séisme d'Arette en 1967. Ou plus récemment en 1980, à Arudy. Et puis quand on remonte vraiment dans l'histoire, on a des traces de tremblements de terre encore plus fort. Le plus exceptionnel, c'est celui de 1660, à Bagnères de Bigorre, dont on ne connaît pas la magnitude parce qu'à l'époque, les séismes n'étaient pas enregistrés. Mais on peut estimer une magnitude aux alentours de 6,2."

Toute la question est de savoir si nos bâtiments sont capables de résister à un fort séisme. "C'est le problème majeur, reconnaît Guy Sénéchal, on l'a encore vu récemment en Turquie. Ainsi, si les constructions ne s'effondrent pas, les conséquences du séisme sont finalement très limitées. Donc on a des normes qui sont régulièrement rehaussées. Les dernières en vigueur datent de 2012. Ces normes nous obligent à rendre parasismique toute nouvelles constructions dans nos départements pyrénéens."

L'autre volet important concerne l'éducation au risque sismique. "C'est un travail de longue haleine, concède l'enseignant-chercheur. Et finalement, le séisme de lundi a ce côté positif de parler de tremblements de terre, de rappeler à tout le monde que oui, les Pyrénées constituent une zone sismique et on a besoin de cette petite piqûre de rappel pour sensibiliser la population, convaincre les gens d'adopter les normes parasismiques. Et puis surtout de ne pas être surpris finalement de ce phénomène tout à fait naturel."

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