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Cancer du sein :Une Poitevine témoigne avec pudeur mais sans tabou

Par
  • France Bleu

Audrey 1 - Cancer 0 ! A à peine 30 ans, Audrey Bousseau, artiste danseuse poitevine vient tout juste de réchapper à un cancer du sein. Pendant de longs mois, elle s'est battue. Elle a trouvé des astuces, des rituels pour endurer l'épreuve et ne jamais la subir. Avec une énergie folle et une envie de vivre dévorante, elle a vaincu "la boule" qui s'était sournoisement insinuée dans son sein droit. Aujourd'hui, le cancer n'est plus là. Mais il faut réapprendre à vivre après ça. Réapprendre à faire confiance à la vie et à son propre corps.

Octobre rose

C'est un petit bout de femme qui entre dans nos studios ce jeudi matin 2 octobre, Bd Solferino à Poitiers. Des cheveux bruns, très courts mais stylés, une petite tête ronde et de grandes créoles aux oreilles. Et surtout ce sourire. Large. Généreux. A la voir comme ça, on ne se doute pas que cette Poitevine poids-plume vient de vaincre l'un des pires ennemis de ce siècle : le cancer. Et pourtant !Juste après l'interview, elle doit retrouver ses médecins pour sa première mammographie de contrôle. Octobre rose, cette campagne de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, démarre pour elle par cette date anniversaire. Le jour où elle a découvert son cancer.

"Vous avez un cancer grade 3, mademoiselle !"

C'était il y a un an donc. 6 mois plus tôt, Audrey sent bien une boule dans son sein droit. Mais son médecin, à l'époque, la rassure : "C'est sans doute un kyste!". Et puis, il n'y a aucun antécédent dans sa famille. Audrey repart rassurée. Mais 6 mois plus tard, alors qu'elle danse, elle sent que la boule est toujours là. Elle devient douloureuse même. Nouvelle consultation. Un autre médecin. Tout s'accélère : Echographie, mammographie, biopsie. le couperet tombe, un peu trop abrupt d'ailleurs : "Vous avez un cancer grade 3 mademoiselle". S'ensuivent alors les termes barbares : Mastectomie, chimiothérapie, radiothérapie.Le monde s'écroule, mais Audrey n'a pas le temp de le voir s'effondrer. Il faut mobiliser ses forces très vite car il y a un combat à mener.L'OPERATION L'ablation des seins d'abord. Et les questions : "Est-on toujours une femme quand on n'a plus de seins ?", "Serais-je toujours désirable pour mon compagnon? ", "Et les enfants, pourrais-je en avoir d'autres ?" Audrey n'a que quelques jours pour se préparer mais elle préfère garder la main. Alors, elle imagine un drôle de rituel : L'enterrement de vie de ses deux seins. Elle invite des amis, elle va à la piscine avec son fils et ses "deux seins". Elle commence à faire le deuil de ses 2 seins.LA CICATRICE Lorsqu'elle se réveille dans sa chambre d'hôpital, son sein droit a disparu. Elle regarde sa cicatrice et bizarrement, elle ne la trouve pas laide. C'est grâce à elle qu'elle est sauvée. LES CHEVEUX QUI TOMBENT

La veille de Noël, les cheveux d'Audrey commencent à tomber par poignée. Son compagnon décide de lui raser la tête. Mais pas question de dramatiser cet acte. Au contraire : il lui fait une "iroquoise", et pour Noël, Audrey arrive avec une crête sur la tête, des grosses créoles aux oreilles et une robe cigarette à la Rihanna. Tout le monde la trouve belle. LE REGARD DES AUTRES Audrey continue à danser. Pour elle, c'est vital. Alors les chimios, elle les cale le vendredi pour pouvoir se reposer le week-end et danser la semaine. Même le crâne nu, elle continue de donner des cours à ses élèves. LA FEMME, LE CANCER, ET L'HOMME Son compagnon, lui, la trouve belle. Elle sent dans ses yeux qu'il est sincère. Et comme ils sont complices dans l'art -elle, est danseuse, lui, musicien-, il lui propose de filmer son combat. Une caméra, une chorégraphie. Audrey danse et tout son corps nous montre son combat contre son cancer. La vidéo est disponible sur youtube "Amazone Audrey Bousseau"

AMAZONE

L'EQUIPE MEDICALE cette vidéo, Audrey l'a faite aussi pour remercier son équipe médicale. Son chirurgien, son oncologue, son radiothérapeute qui l'ont accompagnée dans sa globalité de femme, de mère, de danseuse. A un moment, il a été question d'une opération qui risquait d'entamer la motricité de son bras. (Syndrome du gros bras) Or ses bras, ses jambes, son corps, c'est aussi son outil de travail et au-delà, sa raison d'être. "Je leur ai expliqué que pour moi, c'était vital de danser et que si je ne pouvais plus bouger mon bras comme je le voulais, je ne le supporterais pas", raconte Audrey. "Et ils m'ont entendue. Ils se sont réunis et ont trouvé une solution. Je ne les remercierai jamais assez !"LE BOBO DE MAMAN Comment dire à un enfant de 2 ans que sa maman a un cancer ? Audrey l'avoue, au départ, elle ne savait pas vraiment comment faire. Un pédopsy lui conseille de lui dire la vérité, dans les grosses lignes, et de le laisser venir s'il a des questions. Et c'est ce qu'elle fait. Maman est malade. Elle a un bobo dans le sein. Et pour enlever le bobo, il a fallu enlever le sein de maman. Un soir, l'enfant appelle "Maman, maman, je veux voir ton bobo".... Contrairement au sein gauche, le sein droit a disparu...."Ah, oui, il n'est plus là !", ponctue le petit garçon avec une évidence qui ramène la sérénité dans le coeur de ses parents. UN AN APRES... Et aujourd'hui ? Aujourd'hui, Audrey apprend à se réapproprier ce nouveau corps. Elle en a fini avec les chimio et radiothérapies. Mais elle est sous traitement hormonal pendant 5 ans. pendant ces 5 années, cette jeune femme de 30 ans ne pourra pas faire d'enfant, c'est déconseillé. Ce n'est donc pas complètement terminé pour elle. Et c'est peut-être ce qu'elle n'avait pas anticipé : "Pendant le combat, j'étais insouciante finalement. Je mobilisais toutes mes forces à battre ce cancer, et je me disais, qu'après ce serait fini"...

"Je me disais qu'après le traitement ce serait fini"

Mais ce n'est pas fini. "Aujourd'hui, je vis avec une épée de damoclès au dessus de la tête. Mais je vis ! J'aimais déjà la vie avant, et je l'aime encore plus aujourd'hui. Je ne suis plus la même. Ce combat m'a permis de faire le tri. D'aller à l'essentiel. Et désormais, je n'ai plus les mêmes priorités.

ECHANGES

Dans la Vienne, Audrey rencontre régulièrement d'autres femmes qui comme elles, ont été confrontées à un cancer. Ca se passe au sein de l'association "Au sein des fées 86".

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