Explosion du cours du cacao : un prix "complètement déraisonnable", pour le chocolatier Thierry Mulhaupt

Un prix "complètement déraisonnable". Voilà comment Thierry Mulhaupt, pâtissier-chocolatier à Strasbourg, définit ce récent record de 10.000 dollars la tonne de cacao. "Il était encore en 2023 entre 2.000 et 3.000 dollars" la tonne. Lui n'est pas complètement dépendant de ce cours : "Nous, on a une finca en Colombie, on paye nos paysans plus que la normale, on parle des charges sociales, de la retraite", mais grâce à ce circuit propre à l'entreprise, le prix est maîtrisé, en tout cas pour le chocolat sud-américain. D'ailleurs, le prix des chocolats Mulhaupt n'a augmenté "que de 4% depuis 2022", grâce aussi à l'énergie photovoltaïque.

Mais la production mondiale provient à 60%  du Ghana et de Côte d'Ivoire. "Le besoin de cacao mondial est de 5 millions de tonnes par an. Aujourd'hui, on prévoit 4,2 millions de tonnes de récolte cette année, pour plusieurs raisons", politiques, sociales, en plus d'une maladie qui affecte les cacaoyers africains, des phénomènes climatiques en Amérique du Sud et dans les Caraïbes...

"Ce n'est pas les paysans qui ont cueilli les fruits qui vont toucher de l'argent, mais ceux qui sont assis sur les stocks. "

Mais au-delà de de ces facteurs, Thierry Mulhaupt est révolté contre la spéculation : "Le coffre-fort du cacao en Europe se trouve à Amsterdam. Il a une capacité de stockage de deux ans environ. Or, l'année dernière encore, on était autour de cinq ou six euros le kilo, là, on est à douze. Donc ce n'est pas les paysans qui ont cueilli les fruits et qui les ont travaillés qui vont toucher de l'argent, mais ceux qui sont assis sur les stocks."