Episode 19: sous un déluge de balles

**« Quelques heures de ma vie » ** **Chaque année, depuis 1918, les journées des 17, 18, 19 Juillet me rappellent des souvenirs ineffaçables, des moments épouvantables, une vision atroce de carnage et de sang et surtout le souvenir de mes pauvres copains moins heureux que moi. Aussi je ne résiste pas au désir de tenter de reproduire par écrit une partie de ce que j'ai vu dans ces journées si dures des attaques de juillet 1918. **

Le sergent LENOIR, mon voisin, reçoit une balle dans la cuisse gauche et crie « ne me laissez pas ou alors tuez moi ! »

Je réussis à me glisser sous lui, à le traîner une vingtaine de mètres sur mon dos, les balles arrachent la terre autour de nous. Soudain il pousse un cri et roule sur le côté ; c'est fait, une balle lui a traversé le coeur. Je l'abandonne et rentre à grand peine dans un trou d'obus où je trouve un mort et 4 hommes de mon régiment.

Là, dans ce trou nous sommes restés 5 heures sous un soleil de plomb, sans boire, sans manger, sans oser lever la tête, moi couché sur ce mort que la chaleur décomposait déjà.