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L'incroyable surnom des habitants de Sorède

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h25
De

Hélène Legrais nous explique une bien curieuse réputation en forme de surnom, dans les Albères.

Hélène Legrais
Hélène Legrais © Radio France - Sébastien Giraud

Cette fois-ci, Hélène, vous nous emmenez dans les Albères, à Sorède, qui a une réputation assez particulière …

Que vous alliez à Laroque de Albères ou Saint Génis des Fontaines, partout aux alentours c’est le même refrain : « Sureda, la saca », « Sorède le sac ». Il n’est pas question-là de sac à main, vous l’avez compris. Il s’agit du sac en toile de jute que les Sorédiens ne manquaient jamais de prendre avec eux quand ils allaient se balader dans la campagne avoisinante. 

Et bien sûr quand ils traversaient une vigne, un jardin, ils en profitaient pour se servir, ni vu ni connu et revenaient toujours chargés chez eux. Bref, ils avaient la réputation d’être des chapardeurs, voire des voleurs …

Et les événements historiques se sont chargés de la confirmer ?

En particulier ce qui s’est passé en 1675 avec le château d’Ultrera qui est aujourd’hui sur le territoire d’Argelès mais domine directement Sorède. 

Bâti sur un éperon rocheux, il surveille à la fois la plaine du Roussillon et les gorges de Lavall au sud, et de là le passage en Catalogne. Une position stratégique que les romains avaient déjà fortifiée. 

Le château en lui-même date des Wisigoths, au VIe et VIIe siècle. Ultrera c’est le vautour. Jaubert de Réart, un archéologue du début du XIXe siècle, par ailleurs maire de Ponteilla, disait « Ultrera fut un vrai repaire de vautours, au propre comme au figuré ». Mais revenons à 1675. Jeanne de Vilaplana, l’épouse de Gaston de Foix et Béarn, décide de faire détruire le château qui lui appartient. 

Et même la chapelle dédiée à la Vierge, suite à un différend avec le curé de La Pava, aujourd’hui un hameau mais à l’époque une vraie paroisse. Malgré l’opposition de la population, elle fait démolir le tout. Le maréchal de Schomberg, un protestant, s’en charge avec son régiment suisse pour 18 doublons. Jeanne de Vilaplana leur fait rapporter auparavant tout ce que contenait la chapelle, et en particulier la statue de la Vierge, dans son château de Sorède. 

Et les cloches aussi ! Les gens de la Pava ont un dicton à ce sujet, je vais essayer de vous le dire en catalan : Quan les campanes toquen a la capella nova del Castell, demanen al senyor de la Pava que les deslliurin de les mans dels lladres de Sureda », Quand les cloches sonnent à la nouvelle chapelle du château, elles demandent au seigneur de la Pava de venir les délivrer des mains des voleurs de Sorède.

En guise d’expiation, François, le frère de Jeanne, chanoine d’Elne, fait construire la chapelle de Notre Dame du Château en réemployant la plupart des éléments de l’édifice détruit dont le portail en marbre blanc veiné de bleu. Et la statue de la Vierge y trouve un écrin apaisé.   

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