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Perpignan, cet évêque a adoré parler catalan

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h25
De

Le portrait par Hélène Legrais d’un personnage qui a fait rayonner la langue catalane.

Hélène Legrais
Hélène Legrais © Radio France - Sébastien Giraud

Le patrimoine roman du département lui doit énormément et le catalan aussi, pas mal pour un évêque … gascon ! 

Comme son neveu, le compositeur Déodat de Séverac dont je vous ai déjà parlé ! Mais aujourd’hui il est question de Jules Louis Marie de Carsalade du Pont, né en 1847 dans le Gers, évêque de Perpignan de 1900 à 1932. Et on peut dire qu’il a laissé son empreinte sur le territoire ! Déjà quand il arrive, il ne parle pas catalan … mais il l’apprend. 

Il le parle, il l’écrit, il prêche même en catalan, et mieux encore demande à ce que l’enseignement, du catéchisme et la prédication, soit fait dans cette langue dans tout son diocèse. Il dit : « Parlez, chantez et priez en catalan. Le jour où vous cesserez de le faire vous ne serez plus catalan ».

Il organise les Jeux floraux qui la mettent à l’honneur en 1902 et préside ceux de 1914 à Barcelone. Il collabore même à la rédaction du Diccionari català-valencià-balear. Pendant la Grande Guerre, il encourage le recrutement de volontaires du Principat au côté de l’armée française et participe aux manifestations d'intellectuels francophiles catalans à Perpignan en 1916.

Mais son amour du patrimoine catalan a aussi concerné la pierre, les monuments.

Et celui pour lequel il a un coup de cœur, c’est St Martin du Canigou. Passionné d’Histoire, il tombe amoureux des ruines de ce monastère fondé au XIe siècle par le comte de Cerdagne, Guifred II, le frère de l’Abat Oliba.

Il les achète. En 1902, il en prend possession le 11 novembre, jour de la St Martin. C’est là-haut, dans ce décor très romantique qu’il organise les jeux floraux de Barcelone interdits par les autorités militaires. 

Les travaux de restauration vont durer trente ans et s’achever peu avant la mort de l’évêque en 1932.  Mais Mgr de Carsalade du Pont ne se limite pas à St Martin du Canigou. Il acquiert également St Michel de Cuixà et y rénove la vie monastique. Il fait restaurer la chapelle de Notre-Dame dels Correchs, la plus ancienne de Perpignan, elle était autrefois la nef latérale de St Jean le Vieux et aujourd’hui le passage sous l’orgue de la cathédrale qui mène au gisant du roi Sanç. Restauration également de l’église des Capucins, actuellement église St François au Vernet. 

Il achète le collège Saint-Louis-de-Gonzague et le petit séminaire, fait édifier le Grand Séminaire. Et l'église Saint-Martin. 

En 1910, Maria Guinard, la seule survivante des trois sœurs fondatrices de l’Institution Notre Dame de Bon Secours a fait don à l’évêché d’une partie des terrains sur lesquels est bâti le pensionnat, route de Thuir, pour y construire une chapelle dédiée à St Martin. Mais très vite, les habitants du quartier veulent plus : ils sont 5 à 6000, essentiellement des familles ouvrières, et ils estiment mériter une paroisse et donc une vraie église. L’évêque les entend. Une souscription est lancée. 

L’armistice de la Première guerre mondiale ayant été signé le 11 novembre, jour de la St Martin donc, on appelle même le maréchal Joffre à la rescousse. Le 11 novembre 1920, Mgr de Carsalade du Pont pose et bénit la première pierre. Mais les travaux trainent en longueur et il ne sera malheureusement pas là pour la consacrer : il est mort depuis un an quand l’église est enfin inaugurée le 24 septembre 1933.      

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