Les surnoms des habitants du Capcir

Un secteur très particulier du département, un plateau d’altitude en forme de couloir qui guide l’Aude à peine née, dans le massif du Carlit, à travers les lacs de Matemale et de Puyvalador jusqu’aux gorges qui la font dégringoler jusqu’Axat et de là Carcassonne. 

Un couloir souvent venté. Et froid, très froid l’hiver, ce qui est une bonne chose pour le ski mais jadis c’était vraiment une terre hostile. Isolée du reste du département pendant des mois jusqu’à l’invention du chasse-neige. Il n’était pas rare que les Capcinois doivent sortir de chez eux par les fenêtres du 1er étage et en cas d’urgence on allait chercher à ski le médecin à Mont-Louis, comme le Dr Sévène. A la fin du XIXe siècle, les ours, les loups hantaient encore les forêts … quand ce n’étaient pas les mauvais esprits. 

Les légendes sont nombreuses, nourrissant les superstitions de la population. En traversant les villages les plus reculés, regardez de plus près les linteaux des portes et des fenêtres : vous verrez gravés dans la pierre des symboles censés protéger la maison. Et des queues de sanglier cloués sur les portes des garages aussi : elles ne sont là pour montrer l’habileté du chasseur qui habite la maison mais pour prévenir les sorcières qu’il ne les ratera pas avec son fusil ! 

Et les surnoms alors ?

Faisons le tour … à Rieutort, les caps grossos, les grosses têtes. Ou les pegaïres parce qu’ils fabriquaient de la colle. Les gens de Fontrabiouse sont considérés comme les « foufous » du Capcir, les janets. Les habitants d’Espousouille étaient réputés être de pauvres hères d’où les escores tupins, ceux qui lèchent les marmites. Formiguères, c’est la « capitale », le roi Sanç de Majorque y avait une résidence et c’est là qu’il est mort en 1324. Les autres capcinois trouvaient qu’ils se donnaient des airs supérieurs d’où leurs surnoms : les galères ou la gran canaille ! 

Y avait-il des hobbits aux Angles ? En tout cas les Anglois ont hérité du surnom des peus peluts, les pieds poilus. Ou les llausettes, ce sont des oiseaux. Il y a aussi les caps ferrats, les têtes dures de Matemale, els cabrers de Ral, les chevriers de Réal, les tintaveres, les encriers d’Odeillo, le hameau juste à côté, les rosines, les petites roses, de Villeneuve, un autre hameau. Enfin, les guardes de Puyvalador. On disait que « les guardes i la mala gent s’estropen a Puivalador », qu’on trouvait des gardes et des méchantes gens à Puyvalador … car il y avait là une prison.