La Pau I Treva, un symbole de Paix à Toulouges

Il y a 995 ans, un accord de paix historique est conclu à Toulouges …

La Pau i Treva, appelée Trêve de Dieu dans les manuels français d’Histoire. Elle est l’œuvre d’un grand homme : l’Abat Oliba. Oliba, c’est son prénom, est un noble, 3e fils d’Oliba Cabreta (à l’époque on utilise des surnoms pour distinguer ceux qui ont le même prénom) entre autres comte de Cerdagne et du Fenouillèdes et d’Ermengarde, fille du comte du Roussillon et d’Ampuries. Il est né en 971 à Besalú et il a 17 ans quand son père décide d’entrer dans les ordres et de se retirer au Mont Cassin en Italie. 

Voilà Oliba comte de Berga et de Ripoll. Pas pour longtemps : à 31 ans, il fait le même choix que son père, partage ses domaines entre ses frères et se fait moine, d’abord à Ripoll, puis il est nommé abbé de St Michel de Cuxa où il fait construire le déambulatoire autour du presbytère, une tour lanterne au-dessus du maître-autel, la crypte de la Nativité et les deux clochers lombards (il n’en reste plus qu’un). 

Nommé également un temps abbé de St Martin du Canigou, fondé par son frère Guifred, avant de devenir Evêque de Vic. Il y fait construire la cathédrale St Pierre et fonde le monastère de Montserrat, sanctuaire sacré de la Catalogne. 

C’est dire si c’est un personnage considérable. Et influent aussi. De par sa lignée, il parle d’égal à égal avec les nobles de la région avec qui il est d’ailleurs souvent apparenté et il est aussi proche du Pape. On fait donc souvent appel à lui pour arbitrer les conflits, ce qui va lui donner l’idée d’un « arbitrage » à plus grande échelle pour pacifier la société qui est à l’époque très violente. Les seigneurs se font souvent la guerre et c’est bien sûr les manants qui en subissent les conséquences : massacres, viols, pillage, incendie des cultures … y compris quand il s’agit de biens d’Eglise.  

La Pau i Treva donc …

Effectivement. L’abat Oliba réunit les comtes, évêques et abbés de Catalogne à Toulouges le 16 mai 1027 pour leur soumettre son texte et leur faire prêter serment de le respecter. 

Que prévoit-elle cette Pau i Treva ?

D’abord la sacralisation d’un espace de 30 pas autour des églises, matérialisé par un mur, où la population pourra venir se réfugier, humains et bétail, en cas d’agression. Ensuite l’instauration de jours où il est interdit de porter les armes. Au départ les dimanches et jours fériés puis les vigiles, c’est-à-dire les veilles. Au fil du temps on rajoutera des jours interdits jusqu’à ce qu’il ne reste plus que 80 jours dans l’année où les combats seront autorisés.

Lors de sa réception à l’ONU le 24 octobre 1971, Pau Casal affirmera avec fierté : « la Catalogne a accueilli les débuts des Nations Unies. (…) Au XIe siècle. Paix dans le monde et contre les guerres. L’inhumanité des guerres. Ça c’était la Catalogne ! » Tout est dit !