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La mort d’Aimé Giral

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h25
De

Ce triste jour, le champion s’en va brutalement. Hommage avec Hélène Legrais.

Hélène Legrais
Hélène Legrais © Radio France - Sébastien Giraud

Nous reprenons l’histoire de l’ASP, l’ancêtre de l’USAP, en pleine Première Guerre mondiale, en 1915. Cinq champions de France sont déjà tombés et ce n’est pas fini …

Tout comme l’arrière Joseph Couffe d’un an seulement son aîné, le benjamin de l’équipe, Aimé Giral n’a été mobilisé qu’en novembre 1914 comme aspirant officier au 80e régiment d’infanterie. Il fait d’abord ses classes avant d’affronter le baptême du feu au printemps. Connaissant sa témérité, ses coéquipiers s’inquiètent. Du front, ils écrivent : « Où est le gosse ? » « Quelqu’un a-t-il des nouvelles de Giral ? » 

Aimé est jeune, il écrit peu. Juste une carte : « 3 jours de repos après 6 jours de tranchées. Je remonte en première ligne. Je vais bien». Il est plus disert avec sa famille, sa mère et sa sœur Blanche surtout. Il raconte et dessine même sa tranchée ou la chevalière qu’un de ses camarades de régiment lui a confectionné avec le bouton d’un uniforme allemand. 

Fin juillet 1915, Giral est malade. A l’infirmerie, il voit arriver, blessé, Albert Marti qui jouait avec lui en équipe II de l’ASP. Celui-ci meurt dans ses bras. Aimé écrit une lettre à sa mère pour lui apprendre la nouvelle et lui demander d’aller rendre visite aux parents du malheureux afin de les soutenir. Puis, guéri, il part rejoindre son unité au front. Le 27 juillet alors qu’il s’apprête à regagner sa tranchée, une bombe explose. Un éclat d’obus le touche à l’épaule, on le transporte au poste de secours. En fait, on l’ignore encore, mais le poumon est transpercé.

Le jeune homme agonise. Il n’a plus la force d’écrire, il dicte une dernière lettre à sa mère. Il meurt peu après. Il aurait eu 20 ans le 8 août suivant. Il est inhumé dans le cimetière du village le plus proche : Somme-Suippe en Champagne en présence de son capitaine, Félix Barbe qui a obtenu de faire le déplacement pour « le gosse ».

La nouvelle de sa mort a dû provoquer beaucoup de réactions ? 

L’incrédulité et la consternation. Un service funèbre est célébré le dimanche 1er août en l’église de la Réal devant une foule hébétée qui n’arrive pas à croire à la mort de son héros. 

Les lettres de ses grands frères coéquipiers ne sont qu’une longue plainte désolée : « Pauvre petit Giral, il y a des jours où on se tuerait volontiers tant tout et triste et atroce » Et le trois-quarts centre Max Courrégé qui a une belle plume : « Ainsi on nous les tuera tous ! Passe encore pour les hommes faits, la vie leur a donné quelques plaisirs, beaucoup de chagrins et parfois le dégoût d’elle-même qui peut les en détacher, mais cette belle adolescence de collégiens de rhétorique, jeune et gaie et sautillante, la voir mourir ainsi cela fait trop mal ».

Mais l’épreuve n’était pas terminée : Joseph Couffe, l’autre jeunot de l’équipe, sous-lieutenant dans le même régiment que Giral est tué à son tour dans la Main de Massiges, en Champagne aussi, le 13 septembre suivant. Il venait de fêter ses 21 ans.   

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