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Jacques Arago, aventurier

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h25
De

Dans la famille Arago, le frère explorateur par Hélène Legrais.

Illustration
Illustration © Getty - Holger Leue

On connaît tous François Arago mais aujourd’hui c’est de son frère que vous allez nous parler …

Un de ses cinq frères, j’aurai l’occasion de vous parler des autres, c’est une fratrie assez extraordinaire ! Aujourd’hui c’est Jacques qui nous intéresse, le 3e de la famille, né à Estagel en 1790, quatre ans après son illustre aîné. C’est le seul des frangins à ne pas avoir embrassé une carrière militaire ou politique. Lui, il a soif d’aventure et il veut découvrir le monde. Ce n’est pas un caractère facile : irritant, querelleur, il passe son temps à solliciter l’appui de sa famille qui le lui accorde rarement. En 1817, à 27 ans donc, il embarque en tant que dessinateur à bord de l’Uranie, une corvette commandée par Claude-Louis de Freycinet, qui part faire le tour du monde. Sa mission : « déterminer la figure du globe, étudier le magnétisme terrestre et recueillir tous les objets d'histoire naturelle qui pourraient contribuer à l'avancement de la science ». Le navire lève l’ancre à Toulon le 17 septembre avec à son bord 126 hommes dont plusieurs savants … et un passager clandestin, ou plutôt une passagère, Rose, l’épouse de Freycinet, habillée en homme ! Elle ne se fera connaître qu’après avoir passé le détroit de Gibraltar. Trop tard pour faire demi-tour …

Et ce tour du monde va durer trois ans …

Trois ans pendant lesquels Jacques Arago prend des notes, très précises, et dessine. Beaucoup. Il a de quoi voir et faire ! Le Cap, l’Ile Maurice, Timor, la Nouvelle Guinée, les îles Marianne, Les Moluques, Samoa, Hawaï où il fait, à Riouriou, la première démonstration sur ces îles d’une caméra obscura ou sténopé, un dispositif optique qui permet de projeter l’image du paysage par exemple dans une chambre noire. Et puis les îles Cook, l’Australie où les scientifiques se livrent à des expériences importantes sur le magnétisme et la pesanteur. Retour dans l’Atlantique par le Cap Horn et c’est là que l’expédition manque de peu tourner au drame : le 14 février 1820 près des iles Malouines, l’Uranie heurte un récif sous-marin qui n’est pas indiqué sur les cartes. Freycinet réussit à sauver l’équipage et une bonne partie des expériences. Les naufragés attendent les secours pendant deux mois. Finalement le Mercury, un baleinier américain, les repère et les ramène à Montevideo. Freycinet le rachète, le rebaptise « La Physicienne » et termine le tour du monde en passant par le Brésil pour accoster au Havre le 13 novembre 1820. Jacques Arago revient avec dans sa musette des carnets entiers de dessins et autant de notes dont il tire un livre « Promenade autour du monde » qui aura beaucoup de succès. Il le rééditera plus tard avec comme sous-titre « souvenirs d’un aveugle ». Car Jacques Arago perd la vue en 1837. Il n’en continue pas moins à voyager tout en écrivant des essais et des pièces de théâtre. Défié par une dame dans un diner, il publie en 1853 « Voyage autour du monde sans la lettre A », ce qu’on appelle un lipogramme.

Jacques Arago meurt à Rio de Janeiro un an plus tard, le 27 novembre 1854. Plus de 40 de ses dessins seront offert au Honolulu Museum of Art à Hawaï. 

NB : Envie de mieux le connaître ? « Jacques Arago, ce frère inattendu » de Guy Jacques.

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