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Hommage au père de la langue Catalane moderne

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h25
De

Portrait de Pompeu Fabra, par Hélène Legrais.

Illustration
Illustration © Getty - Orsolya Kurdi / EyeEm

Ce que nous appelons le normatiu. Pompeu Fabra i Poch. Mort à Prades où il vit en exil le soir de Noël 1948. Il a passé cette journée de fête chez ses enfants à Perpignan avant de remonter en train dans le Conflent avec son épouse. Ils arrivent à Prades vers huit heures du soir. Il fait très froid, les rues sont désertes. Depuis la veille, l’octogénaire ne se sent pas très bien. « A veure què passarà quan baixaré del tren » a-t-il soufflé à son épouse tout à l’heure. Le temps de rentrer au n°1 de la rue des Marchands, de gravir difficilement les deux étages jusqu’à leur appartement, il demande un verre d’eau mais son bras retombe. Il est mort. 

Sans avoir revu son pays … 

Comme beaucoup de Républicains morts avant Franco. Mais il lui aura fait un leg inestimable. Pompeu Fabra est né en 1868 à Gracia, qui ne fait pas encore partie de Barcelone. C’est d’abord un scientifique, ingénieur chimiste, et il enseigne pendant dix ans dans une école d’ingénieur de Bilbao. Mais sa passion ce sont les langues latines, et en particulier le catalan. Il épure la langue de ses archaïsmes, travaille sur la grammaire et milite pour une réforme de l’orthographe. Un travail de fourmi, de longue haleine qui aboutit en 1918 à la publication de la « Grammàtica catalana » qui sera désormais l’ouvrage de référence officiel, et pour finir, en 1932 le « Diccionari general de la llengua catalana ». Un dictionnaire qui lui permet d’obtenir la chaire de langue catalane, créée pour lui, à l’Université de Barcelone. Même s’il dédaigne les honneurs, il est immensément respecté sous la République espagnole. Jusqu’à ce qu’elle tombe début 1939 …

Et lui aussi a pris le chemin de la frontière pendant la Retirada …

Il la passe le 31 janvier, cinq jours après l’entrée des troupes de Franco à Barcelone. Il séjourne à Paris, Montpellier, Perpignan, pour finalement s’installer à Prades où réside son ami Pau Casals. Tout en poursuivant ses travaux, sa nouvelle grammaire catalane sera publiée en 1956 à titre posthume, il est conseiller de la Generalitat de l’exil. En 1948, ses obsèques ont lieu en l’église Saint-Pierre. La cérémonie est présidée par Pau Casals lui-même, qui joue pour l’occasion El Cant dels Ocells. Le peintre pradéen Martin Vivès croque la scène du haut des orgues pendant que le grand violoncelliste joue. Il peindra par la suite une huile sur toile immortalisant ce moment et l’hommage à Pompeu Fabra. 

NB : pour en savoir plus, vous pouvez consulter l’article de Jean Rifa dans son live « Des hommes et le Roussillon »

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