De Perpignan rue de la Cloche d'Or à Paris suivons le parcours de Charles Trenet

Le pays catalan était trop petit pour lui, il y a 91 ans Charles Trenet partait à l’assaut de la capitale …

Quand il monte dans le train pour Paris, le 23 octobre 1930, il a juste en poche un contrat d’assistant décorateur aux studios Pathé que son mentor, Albert Bausil, a obtenu pour lui et des rêves plein la tête. Il a seulement 17 ans et s’est déjà fait un nom dans le monde artistique du département.  Un nom et une réputation. Quelques mois auparavant, pour le 14 juillet, il s’est offert une virée à Vernet les bains avec celui qui lui a tout appris, je dis bien tout. En pleine nuit, Bausil et lui quittent leur chambre, nus sous des draps, pour jouer les fantômes dans les couloirs de l’hôtel Mustapha Ier avant de descendre dans la rue. De quoi offusquer les respectables vernétois ! Une plainte pour outrage aux bonnes mœurs est déposée contre les deux ludions facétieux et l’affaire fait les choux gras de la presse locale. Dix-huit ans plus tard, elle faillira bien empêcher Trenet d’entrer aux Etats-Unis. Oui, malgré son jeune âge, il était plus que temps que ce jeune surdoué déploie ses ailes pour s’envoler vers Paris …

Loin de Perpignan et de Narbonne où il est né en 1913.

Son père Lucien est en effet notaire à St Chinian, Charles est son second fils. Mais quand Trenet père est mobilisé en 1915, tandis qu’il est au front, sa jeune femme, Marie-Louise, tombe folle amoureuse d’un blessé de guerre, un artiste, Benno Vigny, qu’elle suivra plus tard à Berlin. L’affaire se solde par un divorce. Un scandale, déjà. Charles a sept ans. Il est placé avec son frère chez les Pères de la Trinité à Béziers. Il vit mal cette séparation. Il chante à tue-tête, multiplie les incartades, décide qu’il sera « acteur, comédien, tragédien, poète, un monstre sacré » Rien que ça ! En 1922, Lucien, son père, revient s’installer rue de la Cloche d’Or à Perpignan où la famille Trenet y est bien connue : le père de Lucien, Claudius, est architecte tout comme son frère Louis. Ils ont construit plusieurs immeubles boulevard Clemenceau et boulevard Wilson. Charles poursuit ses études au collège municipal, futur lycée Arago. Lucien joue du violon, chante et compose des sardanes. Parmi ses amis, Albert Bausil que Charles rencontre quand il a 13 ans à peine. Il intègre sa bande bohème qu’il suit dans ses délires, écrit des poèmes, chante, peint. Sa première exposition à Collioure est remarquée. Il a 15 ans. Son homosexualité commence à s’affirmer … jusqu’à l’histoire sulfureuse des « fantômes » de Vernet-les-bains.   

NB : n’hésitez pas à vous plonger dans le livre de Berard Revel « La folle jeunesse de Charles Trenet » (Edition Mare Nostrum).