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Charles Quint à Perpignan

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h25
De

Hélène Legrais remonte le temps avec nous.

Illustration
Illustration © Radio France - Sébastien Giraud

Aujourd’hui vous nous parlez donc d’une épée et d’un roi … pas d’Arthur quand même ?

Non, d’ailleurs c’est plus qu’un roi : un empereur. Après l’épisode Louis XI pendant lequel il est devenu « français » pour un temps, le Roussillon est revenu dans le giron des Espagnes, c’est comme ça qu’on appelle ce nouveau royaume né de la réunion de ceux de Castille et d’Aragon. Et en 1519, le prince Charles, petit fils d’Isabelle et Ferdinand, les rois très catholiques, Habsbourg par son père, hérite de la couronne … et de plein d’autres : Autriche, Hongrie, Bohème, Pays-Bas … Comme il est élu en même temps à la tête du Saint Empire Romain Germanique, Charles V, qu’on appelle Charles Quint est le souverain le plus puissant d’Europe. Les Catalans l’aiment bien, ne serait-ce que parce qu’il n’est pas castillan, ils le soutiennent et le monarque le leur rend bien : il favorise l’industrie et le commerce, développe la flotte … au grand dam de certaines autres régions. 

Et il est venu ici ? 

Il a même fait son entrée solennelle dans Perpignan, par la Porte St Martin, le dimanche 18 février 1538. Il chevauche majestueusement le long du carrer gran Sant Marti (la grande rue St Martin, aujourd’hui rue Foch) bordé d’orangers qu’il trouve magnifique. Les quatre consuls lui offrent les clefs de la ville et Charles Quint jure de maintenir les privilèges de Perpignan. Il loge à la Casa Xanxo. Charles Quint veut augmenter les défenses de la ville. Il faut dire que le roi de France, son grand rival François 1er, aimerait bien reprendre le Roussillon. 

D’ailleurs en 1542, il enverra le dauphin, le futur Henri II, à la tête de son armée essayer, en vain, de s’emparer de Perpignan. 

Donc, l’empereur veut doter la citadelle d’une nouvelle ligne de fortifications afin de la rendre imprenable. Il commence par faire construire côté St Matthieu, une courtine (un bout de muraille) encadrée par deux bastions. Lors d’un de ses séjours pour inspecter les travaux, il surprend une sentinelle endormie. Grosse colère impériale. Furieux, Charles Quint balance le soldat peu scrupuleux du haut des remparts et monte la garde lui-même, histoire de faire honte aux autres sentinelles qui ont assisté à la scène, abasourdies. L’anecdote est suffisamment fameuse pour qu’au XIXe siècle, Alfred de Vigny en fasse le récit dans « Cinq-Mars » où il raconte le siège de Perpignan par Louis XIII (encore un siège). 

Ce que le grand écrivain ne mentionne pas c’est que, dans la foulée, Charles Quint fait fixer au mur du bastion, un avant-bras de bronze brandissant une épée ; on appelle ça un dextrochère. L’ensemble est plus grand que nature, l’épée mesure environ 1m50, car il est destiné à être vu de loin. « Le roi veille » tel est le message qu’il transmet au Perpignanais … et aux sentinelles qui s’appliquent dès lors à ouvrir l’œil et le bon !   

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