Passer au contenu
Publicité

Arrivée des premiers pieds-noirs dans les Pyrénées-Orientales

À retrouver dans l'émission
Hélène Legrais
Du lundi au vendredi à 07h25
De

Hélène Legrais nous emmène en 1962 à Port-Vendres avec les rapatriés d’Algérie.

Port-Vendres © Radio France - Sébastien Berriot

Il y a quelques semaines, vous nous avez parlé des accords d’Evian qui mettaient fin à ce qu’on appelait encore les « événements d’Algérie » mais pas aux affrontements sur place … quand les premiers rapatriés sont-ils arrivés dans le département ?

Certains, sentant le vent tourner, ont anticipé : en mars 1962 ils sont déjà un millier à être revenus en métropole dans les Pyrénées Orientales. En ordre dispersé, chacun de leur côté. Après le cessez le feu, ceux qu’on appelle les « pieds noirs » et qui sont toujours en Algérie se sentent abandonnés par le pouvoir. Face aux attentats, ils n’ont plus la garantie d’être protégés par l’armée française, surtout après la fusillade de la rue d’Isly. Convaincus que l’indépendance n’est plus qu’une question de temps, ils commencent à quitter l’Algérie en masse. 

C’est ainsi que le 27 mai, Port-Vendres voit arriver un chalutier, le Manuel Campillo, en provenance de Beni-Saf, à 90km au sud-ouest d’Oran. A son bord 30 personnes dont 10 enfants. Ces pêcheurs travaillaient déjà pour les conserveries d’anchois de Collioure. 

Quand la situation est devenue intenable et qu’ils ont pris la décision de partir, ils ont tout naturellement embarqué leurs familles sur leur instrument de travail et traversé la mer jusqu’à leurs employeurs. 

Les passagers du Manuel Campillo sont les premiers. Durant l’été, la totalité des pêcheurs de Béni Saf va migrer sur la côte catalane. Ils seront suivis par d’autres d’Arzew, Mostaganem, Oran … en tout, 47 chalutiers et lamparos. Le maire de Port-Vendres, Henri Conte, se frotte les mains : « L’essor donné à la pêche peut transformer totalement l’économie du village. » 

L’avenir va lui donner raison. Les rapatriés vont faire basculer la pêche du stade artisanal au stade industriel. Les patrons pêcheurs d’origine pied-noire inciteront les marins catalans à se lancer dans la pêche au thon, très rémunératrice. La reprise du dynamisme de Port-Vendres dans les années soixante leur doit beaucoup. 

Mais il n’y a pas eu que des pêcheurs …

Non bien sûr. Quelques heures après le Manuel Campillo, ce même 27 mai 1962, le paquebot Al Mansour débarque 900 rapatriés. La photo fait la Une de l’Indépendant. Sur le quai les attendent les officiels dont le Préfet Dubois, Paul Alduy, le député maire de Perpignan, et bien sûr Henri Conte et la population de Port-Vendres. Les passagers du paquebot débarquent en chantant la Marseillaise et le Chant des Africains. 

Pas d’incident. La traversée a été éprouvante : dix-huit personnes âgées arrivées inanimées sont descendues par des brancardiers et prises en charge par les secours. 

D’autres paquebots, habitués à faire la navette entre la Côte Vermeille et l’Algérie, vont suivre : l’El Djezaïr, Le Canigou. Selon L’Indépendant, plus de 13 000 Français d’Algérie quittent leur terre natale pour rejoindre Port-Vendres au cours du seul mois de juin. Et le mouvement va s’accélérer durant l’été. Reste à loger tous ces rapatriés qui ont tout laissé là-bas … mais ça c’est une autre histoire. 

Épisodes

Tous les épisodes

Publicité

undefined