Perpignan, quel est cet endroit qui mérite votre attention, entre la place de Catalogne et le quai Vauban ?
Entre la place de Catalogne et le Quai Vauban, vers le centre historique de Perpignan, il y a cette place toute en longueur, très arborée. Son histoire avec Hélène Legrais.
Sur la place Jean Paya, qui porte le nom d’un ancien maire socialiste de Perpignan, qui faisait en outre partie des joueurs fondateurs de l’ASP, ancêtre de l’USAP, en 1902. Mais peut-être que, comme beaucoup de Perpignanais, vous la connaissez sous le surnom de « place de la Banque » puisque c’est là que se dresse le magnifique et très respectable immeuble de la Banque de France construit en 1873.
C’est plutôt austère, on est loin des rubans et de la soie …
Pour ça, il faut remonter encore dans le temps, à l’époque où les rues de ce faubourg, entre la Basse et la Têt, étaient connues sous le nom générique des « blanqueries », des tanneries si vous préférez.
Le travail du cuir est un des piliers de l’économie de la ville depuis la fin du XIVe siècle et les ateliers qui avaient besoin de beaucoup d’eau, et sentaient fort, occupaient tout ce secteur entre deux rivières. Vers 1800, la place actuelle est connu sous le nom de « propriété Gironne » : 6 000 m2 partagés entre bâtiments bas et jardins. C’est là que s’installe l’Institution du Sacré Cœur qui sera ensuite transférée au Vernet. En 1830, la Ville se porte acquéreur de la propriété pour un prix très avantageux à cause de la proximité des tanneries. Le Conseil municipal pense d’abord y installer un groupe scolaire mais finalement, peut-être à cause de cet environnement peu salubre, il préfère louer le site à des entrepreneurs.
Et c’est là qu’arrivent les rubans et la soie …
Tout juste ! Un dénommé Vincent Meaux ouvre une teinturerie qui fait aussi filature de coton, et une fabrique de couvertures, ouate et rubans qui emploient 80 ouvriers. Et sur le reste du terrain, la société Vimort et Augé installe une filature de soie. La sériciculture, c’est-à-dire l’élevage des vers à soie, occupe alors de nombreux villages dans le département reconnaissables aujourd’hui aux mûriers qui avaient été plantés. C’est là qu’on élève les vers jusqu’à ce qu’ils fabriquent leurs cocons.
Ceux-ci sont achetés par des marchands cévenols puis dévidés et filés dans le Gard. C’est ce que veut changer la société Vimort et Augé : elle veut traiter les cocons catalans sur place. Mais elle manque de soutien et ce sera un échec. En 1858, la Ville récupère tous les terrains Gironne, rase les bâtiments et vend le tout en lotissements. Et c’est donc sur une de ces parcelles qu’est construit l’immeuble de la Banque de France. Plus question de frivolité !