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À vos côtés, dans le quotidien de Sarah Frikh et des sans-abris

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Cela fait 14 ans que Sarah Frikh, habitante de Rueil-Malmaison, fait des maraudes, échange, trouve des solutions et aide au relogement des sans-abri. Ce matin elle nous emmène dans son quotidien.

 Sarah Frikh habitante de Rueil-Malmaison fait des maraudes, échange, trouve des solutions et aide au relogement des sans-abri.
Sarah Frikh habitante de Rueil-Malmaison fait des maraudes, échange, trouve des solutions et aide au relogement des sans-abri. © Radio France - Quentin Lhui

Nous partons à la rencontre des sans-abri qui, cette semaine, souffrent évidemment du froid. Sans a priori et en toute bienveillance nous allons aussi découvrir qu’un petit geste, un don, une réponse à un appel peut changer des vies. La solidarité existe dans notre région et on vous en parle ce matin sur France Bleu Paris. 

C'est pour être "utile pour notre nation" que Sarah Frikh donne de son temps pour aider les sans-abri. Admirative de ces associations caritatives que l'on connaît comme la Fondation de l'Abbé Pierre ou l'Armée du Salut. Petite déjà, elle avait la fibre solidaire : "J'avais un rêve, celui de faire l'acquisition d'un immeuble pour mettre les personnes âgées et les femmes à l'abri. J'ai compris que la vie ce n'était pas le Monopoly mais qu'il fallait créer une chaîne citoyenne". Et c'est vrai que dans notre région Île-de-France, les disparités sont visibles : "C'est la dureté de notre région, il y a beaucoup d'inégalités. C'est terrible de voir autant d'enfants dormirent dehors dans nos parkings et sous-sol. On est en 2022 et il y a encore des femmes qui vivent des violences dans les souterrains. Il y a des accouchements dehors aussi…"

Etrange paradoxe ce matin : "dans les sous-sols vous avez les pauvres, les sans-abris et quand on monte dans les étages, et c'est la faute de personne, on voit le citoyen lambda qui s'apprête à faire les soles. Ce qui est tout à fait normal"

Ce sont deux mondes qui se croisent mais qui ne se voient franchement jamais. 

Il fait froid en ce moment, 1 degré en moyenne. Des conditions terribles pour les SDF : "C'est des conditions de vie horribles, ils peuvent mourir de froid, seul, tout simplement" précise-t-elle en saluant ces confrères maraudeurs. Le plus important : protégez les extrémités puisque "on va se parler franchement, la mort passe par là". L'autre difficulté du moment, la situation sanitaire : "Ça creuse encore plus le fossé. Un exemple concret pendant le premier confinement, les SDF ne comprenez rien. Plus d'accès aux toilettes publiques, les fontaines ont été fermées, ils n'ont pas eu de masques, beaucoup de centres ont dû fermer. Ce sont les plus grands oubliés de la crise. Le masque est devenu obligatoire, qui leur donne ? Des sans-abris ont été verbalisés pour non port du masque". Vous l'avez compris, Sarah Frikh consacre son temps à la solidarité. 

Alors comment aider ? A qui déposer quelque chose ? "Tout simplement à la personne en bas de chez vous. Prenez des précautions pour le protéger lui. Dîtes bonjour, un jour, deux jours, trois jours, vous aurez peut-être une connexion". Sarah nous invite également à faire du tri dans nos dressings : "Si vous avez des écharpes, des chaussettes, des bonnets, des gants… Lavez les et allez les donner dans la rue". Parmi les bonnes idées aussi : faire un encas, un peu consistant pour aller le donner en bas de chez nous. 

Sarah porte une attention particulière aux femmes SDF : "Les femmes sont les plus vulnérables. Viols à répétition, elles ont leurs règles dans la rue, j'ai eu le témoignage d'une accoucheuse de rue. Et là avec les confinements, les femmes fuient les violences conjugales avec ou sans enfants. Elles sont dans la rue, dans les souterrains. On a beau alerté le gouvernement, je leur tape dessus, mais on a une fin de non-recevoir"

Le dernier conseil de Sarah ? 

Un sourire, un bonjour, même si la personne ne vous répond pas. Ne le jugez pas, vous lui redonnez un peu de chaleur dans son cœur 

eParmi les belles histoires auxquelles Sarah a contribué, il y a celle de Mari, 75 ans : "J'habitais depuis plus de 30 ans dans un appartement, le propriétaire a voulu vendre. Je n'ai pas pu acheter l'appartement. Je me suis retrouvée à la rue, ça peut arriver à tout le monde. Ça arrive très vite, ça vous tombe dessus". Autour de Marie, c'est toute une équipe qui s'est mobilisée pour lui trouver un nouveau logement, "son château" comme elle l'appelle : "On m'a trouvé un studio à Puteau de 12 m². Karim, que je ne connaissais pas, s'est porté garant, sans me connaître". Elle n'oublie pas pour autant son épreuve dans la rue : "Il y a beaucoup de gens qui n'ont pas eu la chance que j'ai eu, je pense à eux très fort" nous dit-elle, émue. 

Dans le reste de notre podcast, Sarah vous dresse le portrait de Mélanie, devenue SDF il y a 5 ans après le décès de son papa. Quatrilingue, c'est une ancienne commerciale, elle n'a jamais réussi à remonter la pente après le choc psychologique qu'elle a connu. Sarah revient aussi sur notre rapport avec nos téléphones : arrêtons de les regarder dans la rue. Elle nous raconte à l'aide de Maria, une belle anecdote. 

Vous pouvez retrouver Sarah sur ses comptes Facebook, Instagram et Twitter mais aussi la chaine YouTube de Réchauffons nos SDF.

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