Comment le dérèglement climatique affecte-t-il nos arbres en Touraine ?

Des mesures précises de l'impact du dérèglement climatique sur les arbres ont pu être réalisées
Christophe Bouget, chercheur en entomologie forestière à l'INRAé Centre Val de Loire et son équipe ont pu, grâce à des équipements spécifiques qui permettent d'aller dans et au-dessus de la canopée (l'étage supérieur des arbres des forêts) et d'observer, mesurer, capter les dégâts provoqués par le dérèglement climatique en haut des houppiers. Cet accès facilité a permis de réunir ces observations de manière très efficace. Des mesures ont été réalisées notamment grâce à des capteurs microclimatiques qui évaluent l'humidité et la température aux différents étages. Ainsi, nous explique Christophe Bouget, lors de la canicule estivale de 2021 par exemple, il a pu être mesuré des températures autour de 35°C dans les ruelles des villages, 25°C dans les forêts mais en haut des arbres, elles étaient comprises entre 45 et 50°C. L'hyperthermie sur les canopées de nos forêts est donc avérée et ses effets sont alarmants.

"Les arbres meurent par le haut"
Les plus gros impacts du dérèglement du Climat sur les arbres à surveiller de près sont donc la sécheresse et les températures très élevées lors des sécheresses. Les arbres observés lors de cette étude tétaient essentiellement des chênes et l'équipe de Christophe Bouget a pu observer à quel point ils souffrent "dans leur chair". Dans ces conditions, des bourrelets de cicatrisation apparaissent, qui correspondent à des fentes créées sur l'écorce qui éclate sous l'effet des coups de soleil. Ainsi, en plus de souffrir de la sécheresse, d'un manque d'eau, ils subissent aussi le rayonnement solaire et ses températures hyper élevées à leur cime. Lorsque les arbres sont soumis à ces stress ils stoppent leur croissance, leurs feuilles sèchent pour limiter l'évaporation et ils vont même jusqu'à sacrifier des branches, celles qui sont les plus éloignées des racines (ce qu'on appelle une descente de cime en langage forester). En cas de stress prolongé, cette "mort partielle" peut aller jusqu'à la mort de l'arbre lui-même. Ces phénomènes sont de plus en plus fréquents nous alerte Christophe Bouget.

Des blessures qui modifient l'écosystème des arbres
Toutes ces blessures, ces coups de soleil fragilisent les arbres mais modifient également l'écosystème des arbres : davantage de lumière passe jusqu'au sol, l'effet tampon de la canopée forestière est altéré donc l'étagement classique de nos forêts est totalement modifié avec des incidences sur le reste de la flore et de la faune, insectes et oiseaux en particulier.